Le combiné éteint en main, figée, le dos au mur, elle vient de dire: j'arrive ! Mais ses jambes sont raides, l'estomac creux, l'esprit embué. Son amie d'enfance, sa presque sœur, celle qui comprend, écoute plaisante ou rue dans les brancards, la tête bien remplie, la vaillante, oui l'amie vient de lui annoncer: je suis malade, très malade, et bien bas: au secours.
Le mécanisme se met en route, veste chaussures sac, métro.
Les voila, toutes deux au canapé, cancer confirmé, opération dans les plus brefs délais. Le choc est commun, ce soir-là la conversation sera longue, Elle quittera son amie sur des encouragements, des promesses, elle sera présente, avec elle c'est sûr.
Et cela se confirme au fil des jours, examens, intervention, protocole.
Durant des jours, des semaines dans l'action, elle ne s'est pas autorisée de relâchement. Seulement ces jours-ci, elle se sent mal, en perte de vitesse, désorganisée. L'appétit, son bel appétit se perd, le doute s'insinue, souvent elle frissonne et panique, à son tour, elle crie au secours.
Elle tangue un peu, mais elle sait que demain, pour son amie et elle-même, elle ira frapper à la bonne porte;