Après plus de 13 années passées dans la même société, je me suis arrêtée afin de prendre un congé parental et me consacrer à l’éducation de mes enfants durant le temps qui nous était alloué par notre entreprise, c’est à dire 3 années.
C’est quand j’ai envisagé mon retour que les soucis ont commencé…
J’étais sensée réintégrer mon poste au sein du même service, et la veille de mon retour mon chef de service ne savait toujours pas ou j’allais « atterrir », compte tenu que mon poste avait été supprimé.
Qu’a cela ne tienne, je me présentais le jour « J » et m’installais sur une chaise, déterminée à attendre et à réintégrer mon poste.
Au bout de plusieurs heures sans ne rien avoir à faire et sans que personne ne se soucie de ma présence, j’interrogeais ma responsable en lui demandant ce qui ce passait.
Je savais qu’après un congé parental le retour serait difficile et que ce serait un peu le parcours du combattant mais j’étais loin de me douter de ce qui m’attendait !!!
Elle finit par me dire : « je n’ai rien à vous proposer, mais voyez en mutation interne ».
J’ai donc dû postuler à d’autres postes, répondre à des annonces et me justifier de mon désir de modification de carrière alors que moi je n’avais en rien provoqué ni souhaité cette situation.
Finalement, j’ai trouvé un poste qui me convenait sur un site différent du siège social de la société, avec un temps de transport plus long, mais j’étais prête à tout pour retrouver la dynamique et l’intérêt d’un nouveau poste !!!
J’ai donc commencé ce nouveau travail plein d’espoir, mais très vite j’allais déchanter.
En effet, la responsable de ce service avait une réputation terrible, elle était intransigeante, caractérielle, voire même méchante, mais j’étais sûre de moi, tant sur le plan professionnel que personnel.
J’avais vraiment sous estimé sa capacité à « casser » les autres et c’est justement ce qu’elle allait s’évertuer à faire avec moi pendant les mois qui allait suivre…
Tout d’abord, elle ne s’adressait à moi que sur des « post it », elle m’interdisait également de parler avec les autres personnes du service, déchirait les dossiers que je faisais en prétendant qu’ils étaient incomplets.
Nous travaillions dans un climat de terreur, le mot n’est pas trop fort. Sa devise était diviser pour mieux régner.
Chaque matin, a l’idée d’aller travailler et de l’affronter, j’avais de terribles maux de ventre et l’angoisse était si forte que je tremblais littéralement de la tête aux pieds.
Je vivais un véritable cauchemar, quand elle déniait m’adresser la parole, elle me regardait en fumant, et me rejetait la fumée de sa cigarette en pleine face. Les humiliations de cet ordre étaient quotidiennes.
Elle adorait aussi venir dans mon bureau par derrière et me surprendre en plein travail en frappant le bureau de façon violente pour me faire sursauter de peur… Elle jouissait alors de sa toute puissance…
Elle me demandait d’aller aux toilettes quand elle le jugeait bon et non pas quand j’en éprouvais le besoin. Elle criait, vociférait, m’insultait régulièrement, j’était sous l’emprise de sa toute puissance.
Mon entourage ne comprenait pas, comment moi qui était si forte de caractère, je me laissais faire de la sorte, moi non plus je ne comprenais pas.
Elle avait réussi à me faire douter de moi, de mes capacités.
Elle avait littéralement vampirisé mon cerveau ; je me disais que peut être elle avait raison, que finalement je devais être nulle comme elle le prétendait.
J’ai pourtant pris sur moi et lutté contre la terreur d’aller travailler pendant plus d’un an et puis cela a été très vite.
J’ai perdu le contrôle et me suis sentie sombrer, tout d’abord, j’ai perdu beaucoup de poids , j’allais mal, de plus en plus mal , j’avais toujours peur, je vivais dans la terreur totale de tout, je n’étais plus que le fantôme de moi-même.
Puis évidement j’ai sombré dans une terrible dépression, avec des conséquences terribles sur ma vie de famille.
Je ne pouvais plus m’occuper de mes enfants, ni de mon mari.
Je me sentais dépossédée de moi-même.
Sortir de la maison était impossible. J’ai eu également des problèmes d’élocution et de locomotion tellement j’étais dans un état permanent de terreur.
Après plusieurs mois d’arrêt de travail, j’ai entamé une psychothérapie et grâce à l’aide d’un psychiatre j’ai enfin retrouvé la parole, petit à petit un semblant d’envie de vivre et de confiance.
J’ai travaillé durant plusieurs mois avec lui, d’ailleurs il me suit toujours aujourd’hui…
J’aurais du mettre en place une procédure et me défendre, mais à cette époque, cela me semblait insurmontable et je souhaitais surtout vivre dans le positif et ne pas ressasser toute cette douleur…
Je pense que je ne serais plus jamais la même et que cette expérience m’a d’abord détruite, mais grâce à mon courage, ma détermination, j’ai réussi a survivre à cette terrible épreuve car il faut bien être conscient que face aux épreuves, quelles quelles soient, c’est en nous même que nous puisons l’énergie et la force de combattre et d’avancer quoi qu’il arrive.
Aujourd’hui je veux aller de l’avant et peut être reprendre une activité professionnelle.
Enfin je souhaite dire, à vous, qui lirez ce témoignage, que personne ne peut ni ne doit franchir les barrières de notre pensée, évidement pour cela, il faut être fort et protéger ce que nous avons de plus cher en nous, notre santé, notre intégrité, et surtout le respect de nous même.
LUCIE