Trois cents millions de diabétiques et moi et moi…Et moi
(Air connu)

Bien sur… De cela comme d’autres choses autant diverses que variées, je ne pouvais être la victime.
Sans imiter l’autruche, quoique ! Je me persuadais sans peine qu’avec une dose somme toute modique de «Glucor», le diabète dont j’ignorais pratiquement tout, ne passerait pas par moi.
Certes, une émission de télé m’avait autant alerté qu’irrité.
Les diabétiques de service devenaient aveugles, pendant que leurs orteils fondaient comme neige au soleil, alors que – doute pour faire bon poids- ils se découvraient impuissants.
Pour de la vulgarisation, c’était de la vulgarisation, et à une heure de grande écoute.
Mais, tout cela n’était pas pour moi.
J’avais cru comprendre, espérer, me satisfaire d’une perte de poids longue certes mais supportable, justement parce que longue.

Et un jour ! Vlan, je gagne le gros lot.

« Vous avez le temps » me dit le médecin de famille (en fait mon médecin rien qu’à moi, je suis célibataire)
« Contactez un de mes collègues…Vous avez le temps, mais allez y donc demain »
Rassurant le bon médecin… Le mien à moi.

Un nouveau « bon docteur » comme on lit dans Balzac, qu’il va falloir aimer si je veux qu’il m’aime…Sans plus, même si affinités.

Ce doit être une manie ou un tic de langage dans la corporation :
« Vous avez le temps…Du reste, on commence ce soir ! »
Au bout de huit jours, moi qui pensais encore « autruche »
Il y a effectivement une pensée … Autruchienne …La preuve elles se cachent.
J’imaginais donc qu’au bout de huit jours que ce sera fini et ni ni.
La sortie du sable fut douloureuse.
Habitué depuis des années à faire en entreprise des analyses de résultats, au jour le jour, à la semaine…Et autres « reportings », c’est du franc – glais, je fis de même avec mes très médiocres résultats
La honte !
Même pas « Peut faire mieux » qui est le comble du comble…La honte, de «chez la honte »

Tel l’élève penaud au livret détestable, me raccrochant à ce que je connais le moins mal : Quarante de labeur.
Je ne sais que dire au nouveau «bon docteur » :
« Si je présentai de tels résultats à mon patron, il m’indiquerai le chemin de l’ANPE »
Mon nouveau gourou a trouvé ma réplique, comment dire… « Originale ».
J’ai donc imaginé, qu’elle pense, c’est une gourou(e ?) que cela ne peut pas nuire de raconter ma petite histoire.

A toute histoire il faut une chute.
La tête désormais hors du sable, je m’informe :

« Le traitement j’en, aurai jusqu’à chez Borniol ? »
« Borniol ? »
« Ben oui, Borniol ! »Un médecin qui ne connait pas Borniol, ne
peut pas ne pas inspirer confiance.
Donc, je renseigne :
« C’est un organisateur de pompes funèbres »
« Ah bon, je ne connaissais pas ! Prochain rendez vous dans un mois »

Un mois c’est un peu court, mais c’est mieux que : « Prévenez chez vous, j’appelle le SAMU… Mais ce n’est pas grave »
(L’anecdote est authentique)
Voila… A dans un mois.
A défaut de SAMU, je commence mon quatrième kilomètre pédestre de la matinée, en me répétant :

«Puisque ces choses la nous échappent feignons d’en être les organisateurs »

Déclinaison de la formule rustique :
« On est jamais si bien servi que par soi-même »

Juin 2007

François PEYREL
Cadre dans un grand magasin parisien, il est entre autres auteurs d’un ouvrage :
« De la planque au placard du placard à la planque »
Manuel de survie dans les grandes entreprises en vente Boulevard Haussmann au sous sol du grand magasin dont il vient d’être question !
Il suffit de le demander… L’auteur y est bien connu.