Quand ma mère est décédée, nous avons procédé à une crémation comme elle l’avait souhaité, car, ensuite elle voulait que nous dispersions ses cendres en mer. En effet quand nous étions petites, nous passions régulièrement nos vacances à l’île d’Ieu et comme nous y étions très heureuses. Maman souhaitait tout naturellement y reposer.
Après sa crémation, il m’était très difficile de la prendre à la maison, c’est pourquoi les pompes funèbres se sont tout naturellement proposées de la garder, en attendant que les conditions météorologiques nous permettent d’envisager son dernier voyage…
La semaine dernière, un matin j’ai ressenti une angoisse et j’ai dit à mon mari : « l’immersion n’est pas encore faisable mais je ne veux plus laisser maman loin de moi, je veux la ramener à la maison ». Il me semblait alors évident qu’elle attendrait auprès de son petit capitaine comme elle m’avait surnommée, son dernier tour en bateau.
Je suis donc partie sereine chercher maman ; dire que cela est facile bien sur que non, mais je savait qu’elle serait tellement mieux, auprès de moi, car pour l’amour d’une maman on peut tout affronter.
Au pompes funèbres les jeunes femmes m’on remis un carton dans lequel était l’urne de maman.
Mon mari l’a prise dans ces bras comme on le ferait avec un petit bébé et nous sommes rentrés.
Arrivée à la maison, j’ai eu très envie de voir l’urne de ma maman.
Un besoin inexpliqué de la prendre dans mes bras à mon tour afin de la serrer tout contre mon cœur.
J’ai alors demandé à mon mari de la sortir de son emballage, et là, surprise, l’urne ne ressemblait pas du tout à ce que nous avions choisi.
Je l’ai alors tournée et là j’ai lu une inscription correspondant à une autre personne. En bref, l’urne que je serrais dans mes bras n’était pas du tout celle de maman.
La stupeur et l’angoisse ce sont alors emparé de moi. Comment cela pouvait être possible, où était maman ? Peut-être était elle dans une autre famille ? Peut être ne la retrouverai-je jamais après l’avoir perdu une première fois, j’avais l’impression que l’on me la volais de nouveau. Comme j’ai eu peur, comme j’ai eu honte de ne pas avoir pu moi-même veiller sur elle, j’étais choquée, désemparée et désolée d’avoir dérangé cette autre personne qui elle-même n’était pas dans la bonne famille…
J’ai alors téléphoné aux employées des pompes funèbres qui elles mêmes étaient terriblement inquiètes et désemparées. Elles se sont voulu rassurante en me disant « n’ayez aucune inquiétude, nous allons retrouver votre maman » mais je sentais bien au ton de leur voix qu’elles même étaient stupéfaites de cette confusion sordide.
A priori maman était restée au crematorium, mais rien n’était certain, après une heure d’angoisse j’ai eu enfin la confirmation que maman y était et je me suis empressée d’aller la chercher.
Aujourd’hui Nous attendons ensemble que cette immersion soit enfin réalisable et je reste perplexe face à cette terrible mésaventure qui vient ajouter tourment et inquiétude dans un deuil à peine commencé.
Ce que je veux dire à travers ce témoignage, c’est que malgré l’immense peine et, la douleur qui nous envahi lorsque nous perdons un être cher, nous devons trouver la force, de ne pas les quitter, la force ne pas faire confiance ! La force de veiller sur eux et leur tranquillité jusqu’au bout, car nul autre que nous même ne peu mériter la confiance qu’ils nous font dans leurs ultimes instants…
LUCIE