Sarah Bohlÿ, ostéopathe, après avoir lu le livre de Jean-Paul Allaux, vous en propose un extrait. Le livre est paru le 17/03/2011, l’éditeur est EDP Sciences.
Membre de la Société Française de kinésithérapie respiratoire et cardio-vasculaire, Jean-Paul Allaux est kinésithérapeute spécialisé dans ce domaine ainsi qu’en relaxation thérapeutique.
Formé à l’hôpital Necker - Enfants malades de Paris, il base l’exercice de sa profession sur la pédagogie de la respiration de l’enfant.
Apprenez à respirer à vos enfants
Jean-Paul ALLAUX
Apprendre à respirer ?
« Quelle idée ! » me direz-vous. Et pourtant…
L’inspiration et l’expiration sont des actions auxquelles nous ne pensons jamais ou presque alors qu’elles sont indispensables à notre survie.
I. Petits rappels de mécanique :
La fonction respiratoire permet d’accompagner l’air, depuis l’extérieur vers nos voies aériennes profondes. Si vous le voulez, prenons quelques minutes et faisons un exercice.
Asseyez-vous confortablement, les pieds ancrés dans le sol, les mains sur les cuisses et détendez-vous. L’objectif est simple : ressentir ce qui se passe en vous lorsque vous respirez.
Prenez une inspiration par le nez, bouche fermée. L’air s’engouffre dans vos narines, s’infiltre dans la boîte crânienne où il est nettoyé (poussières, pollutions etc.) et réchauffé. Il descend ensuite dans le pharynx, dans la trachée, puis termine sa course dans les poumons. C’est à ce moment que l’oxygène (O2) véhiculé dans l’air pénètre dans nos artères tandis que le dioxyde de carbone (CO2) est évacué depuis ces mêmes artères vers l’air contenu dans les poumons qui va alors suivre le trajet inverse pour être enfin expulsé par la bouche, lors de votre expiration.
Le muscle sans qui tout cela ne pourrait fonctionner est le muscle diaphragme. Situé à la jonction entre l’abdomen et le thorax, sa contraction permet de créer l’appel d’air nécessaire à initier l’inspiration. Cette contraction, ainsi que l’augmentation de volume des poumons, nécessitent une modification de notre thorax : les côtes s’ouvrent latéralement et antérieurement. Les organes digestifs, eux, sont poussés par le diaphragme vers le bas et l’avant, ils prennent appui contre le périnée : notre ventre se gonfle.
En résumé, lors de l’inspiration, thorax et abdomen se gonflent de manière presque simultanée et de manière active via le diaphragme. L’expiration, elle, est initiée par la décontraction du diaphragme qui est donc un phénomène passif, engendrant le dégonflement de l’abdomen et du thorax. Aucune contraction n’est donc nécessaire (Illustration C) ; il est inutile de pousser dans le ventre à ce moment là (Illustration B).
II. Utilité d’une respiration calme, lente et profonde :
La fonction respiratoire n’est pas qu’un simple jeu de piston, elle permet également :
- Apport en oxygène > Renouvellement des cellules, production d’énergie etc,
- Libération du CO2 > Evacuation des toxines,
- Refroidissement des structures supérieures > En pénétrant dans le crane, l’air est mis à température ce qui permet de diminuer celle du cerveau en cas de surchauffe (activité cérébrale intense, sport, inflammations ORL…). Attention, cela n’est valable que si vous respirez par le nez ! L’air inspiré par la bouche passe directement dans le pharynx,
- Diminution du stress > Mise au repos du système neurologique,
- Pompe digestive > Aide au transit via les mouvements diaphragmatiques,
- Participation à la croissance > « La structure gouverne la fonction » et vice versa. Une croissance harmonieuse engendrera une bonne fonction, ici respiratoire ; une bonne respiration permettra une bonne croissance (ici, développement de la face). Ce dernier élément est le point de départ d’un certain nombre de questions concernant l’impact corporel d’une succion « excessive » (pouce ou tétine), mais aussi de la pose d’appareils dentaires chez les jeunes enfants… Un article entier pourrait y être consacré !
Vous comprenez donc maintenant pourquoi il est important de respirer et de prendre le temps de bien le faire. Nous sommes à priori tous nés avec le bon réflexe, malheureusement le quotidien (stress, posture, trouble de la déglutition, traumatismes physiques et/ou émotionnels etc.) l’aura peut être perturbé, mais rien n’est perdu !
Et si nous aidions nos enfants à ne pas perdre leurs bonnes habitudes ?
III. Comment aider votre enfant ?
Vous vous demandez si votre enfant respire bien ? Quelques petits repères :
- A-t-il la bouche ouverte la plupart du temps ?
- Est-il souvent enrhumé ?
- Arrive t-il à se moucher seul ?
- S’essouffle t-il vite ?
- A-t-il une bonne capacité de concentration ?
- A-t-il un sommeil profond et réparateur ?
- Est-il anxieux ?
- A-t-il souvent mal au ventre ?
- …
En dehors de tout problème médical, chacun de ces critères peut évoquer un trouble de la respiration et quelques exercices réguliers pourront changer le quotidien de votre enfant. Ci-après vous trouverez 4 exercices ludiques à faire à la maison avec votre enfant !
Exercice 1 :
Allongé sur le dos, jambes repliées. Faites-le inspirer en gonflant le ventre et le thorax (a) puis souffler en rentrant le tout (b). Pour cet exercice, choisissez un moment de calme, le soir avant de se coucher par exemple.
Exercice 2 :
Assis à table, donnez lui un récipient avec un peu d’eau dans le fond et une paille. Dites-lui d’inspirer par le nez et de souffler dans la paille pour faire des bulles, le plus longtemps possible.
Exercice 3 :
Assis par terre, donnez lui un ballon (léger) qu’il tiendra à bout de bras. En inspirant, dites lui de lever le ballon pour se grandir. En expirant, de ramener le ballon entre les jambes, tendues et légèrement écartées.
Exercice 4 :
Debout, une petite cuillère dans la bouche, fermée. Ce jeu peut se jouer seul ou à plusieurs. Placez un bonbon ou quelque chose de petit et léger sur la cuillère et demander lui d’avancer, sans courir. L’objectif pour l’enfant est de ne pas faire tomber ce qu’il y a dans la cuillère. Pour vous, c’est qu’il reste concentré et qu’il apprenne à respirer exclusivement par le nez !
Conseils :
- Mieux vaut prévoir un exercice de courte durée fait quotidiennement, qu’un exercice trop long réalisé de façon aléatoire
- Inspirer toujours par le nez et souffler par la bouche
Enfin, n’oublions pas qu’une bonne respiration ne serait rien sans une bonne qualité d’air ; n’oubliez pas d’aérer votre logement tous les matins au moins 15 minutes, d’éviter de surchauffer (même si vous avez un nourrisson) et de ne pas fumer à l’intérieur de votre lieu de vie !
Pour plus d’exercices, référez –vous au livre de Jean-Paul ALLAUX et n’oubliez pas que tout ce qui vient d’être dit est valable chez l’enfant comme chez l’adulte : il est encore temps d’agir !
*Jean-Paul Allaux
Membre de la Société Française de kinésithérapie respiratoire et cardio-vasculaire, Jean-Paul Allaux est kinésithérapeute spécialisé dans ce domaine ainsi qu’en relaxation thérapeutique.
Formé à l’hôpital Necker - Enfants malades de Paris, il base l’exercice de sa profession sur la pédagogie de la respiration de l’enfant.