Un échange de matériel génétique à l’origine d’un virus émergent.

Le virus grippal plus spécifique du porc est bien connu depuis longtemps et correspond au sous type H1N1. Ce virus se propage chez les porcs par voie respiratoire (aérosols de microgouttelettes) par contacts direct et indirect. Il peut arriver que les porcs soient infectés par plusieurs types de virus en même temps, ce qui peut permettre aux gènes de ces virus de se mélanger, et d’engendrer un virus grippal contenant des gènes provenant de diverses sources appelé « virus réassorti ». C’est le cas de ce nouveau virus nommé AH1N1, issu d’une recombinaison génétique entre plusieurs virus grippaux déjà existants et doté d’une contagiosité interhumaine.
Il existe en permanence une veille sanitaire sur les maladies infectieuses et en particuliers les différents virus grippaux. L’OMS distingue 6 phases classées de 1 à 6. Dans la phase 1 on se trouve dans une situation où des virus circulent entre les animaux sans jamais constituer une menace pour l’homme (pas d’éventualité de transmission à l’homme). La phase 5 correspond à une propagation interhumaine du virus dans au moins 2 « régions » au sens de l’OMS. La phase 6 signale une situation de pandémie ce qui correspond à une épidémie se propageant de façon importante, touchant une part importante de la population dans plusieurs régions au sens de l’OMS. La surveillance et la classification en différentes phases permet de mettre en place différentes phases du plan d’action afin de limiter la propagation du virus.

 

Se protéger en appliquant les mesures barrières classiques contre la grippe saisonnière.

Pour limiter le risque de contamination, il est recommandé d’éviter tout contact étroit avec des gens qui ne semblent pas bien portants et qui présentent de la fièvre et une toux. Il faut penser à se laver les mains à l’eau et au savon fréquemment et soigneusement. Si on ne dispose pas de point d’eau, le lavage des mains peut être ponctuellement remplacé par une friction des mains avec un gel ou une lingette désinfectante à base de solution hydroalcoolique. Il est intéressant d’éduquer les populations à respecter ces règles d’hygiène simples face à n’importe quelle maladie contagieuse. Ces mesures appliquées à grande échelle pourraient considérablement réduire l’étendue des épidémies.
Par ailleurs, avoir une bonne hygiène de vie, à savoir dormir suffisamment, s’alimenter correctement et conserver une activité physique permet d’augmenter sa résistance vis-à-vis des agents infectieux.

 

Grippe AH1N1 : une vigilance particulière.

Le recul n’est pour l’instant pas suffisant pour déterminer les caractéristiques de ce virus émergeant, en termes de contagiosité, de létalité (nombre de décès parmi les sujets atteints)…Tous les sujets potentiellement infectés sont donc actuellement pris en charge par les services spécialisés hospitaliers. Pour les personnes de retour d’un pays pour lequel une circulation du virus a été mis en évidence (à ce jour le 7mai 2009, le Mexique et une partie des Etats Unis), les autorités sanitaires demandent une vigilance accrue durant 7 jours pendant lesquels tout syndrome respiratoire aigu brutal avec des signes généraux devra être signalé au centre 15 (SAMU). Il peut s’agir de symptômes de type : fièvre>38°C ou courbature ou asthénie et des symptômes respiratoires : toux ou difficulté respiratoire. En cas de suspicion d’atteinte par le virus AH1N1, il est absolument recommandé de ne pas se rendre chez son médecin traitant ni dans un hôpital mais de contacter par téléphone le centre 15 (ou le médecin traitant).
En période de forte épidémie, il est conseillé de suivre le bulletin de veille sanitaire et de suivre les recommandations en fonction de l’évolution de la situation. Ce bulletin est régulièrement mis à jour sur les sites internet de l’OMS http://www.who.int/fr/ et de L’Institut de Veille Sanitaire http://www.invs.sante.fr/

 

Grippe AH1N1 : un traitement particulier :

La grippe saisonnière comporte habituellement un traitement uniquement symptomatique (lutte contre la fièvre et les courbatures par du paracétamol). Cependant, deux médicaments appartenant à la classe des inhibiteurs de la neuraminidase : l’oseltamivir (nom de spécialité Tamiflu) et le zanamivir (nom de spécialité Relenza) permettent de réduire la gravité et la durée de la grippe saisonnière. Ils sont efficaces à condition d’être administrés dans les 48 heures suivant le début des symptômes. En cas d’infection à AH1N1 ces produits pourraient améliorer les perspectives de guérison s’ils sont administrés rapidement.
Par ailleurs, des travaux sont actuellement en cours pour l’élaboration d’un vaccin antigrippal ciblé au mieux sur le sous type AH1N1.


Dr Ariane Le Louët

Médecin du travail