Chaque adulte porte un bébé en lui.
L’adulte toute sa vie est en proie à des émotions infantiles et adolescentes, dans un mélange oedipien de courant tendre et de sexualité, qui marquent de façon capitale sa personnalité physique et psychique.
Davantage présent sur la scène des fantasmes et des rêves, l’infantile est le lieu où se jouent nos fixations, nos régressions, nos angoisses. On le retrouve agit dans les différentes expériences de dépendance, de détresse, de vulnérabilité, de souffrances, d’impuissance, auxquels nous sommes tous confrontés dans notre vie familiale, professionnelle et amoureuse. Quand la souffrance est intolérable, qu’elle devient traumatique et chaotique, c’est qu’elle touche les parties infantiles du soi, ces parties toujours vivantes et qui sont encore présentes. Ce sont les facettes du bébé en soi, de l’enfant en soi.
Nos aspects bébés sont réactivés et mobilisés dans les expériences douloureuses de la vie, ruptures, deuil, solitude, manque, discontinuité... Ils nous ramènent au temps des premiers émois archaiques où tout était « subit » et témoignait de notre impuissance.
L’archaique concerne l’origine de nos émois, notre dépendance, notre passivité, il laisse des traces et des éprouvés que nous recouvrons et transformons plus ou moins par nos mécanismes de défenses tout au long de la vie.
L’infantile contient l’archaique. Il est le bébé et l’enfant en nous, confronté à l’entrée dans le pré-langage et dans le langage. Ainsi les babillements du bébé appellent une réponse de la mère, qui transformant le cri de celui-ci en appel et l’appel en demande, permet à l’enfant par ce processus de nomination d’accéder au symbolique.
L’infantile c’est aussi ce que chacun va développer de singulier dans son rapport au monde, dans la façon dont l’image de son corps s’est constitué dans sa relation à l’autre, dans sa capacité à l’action et dans sa posture somatique.
Le bébé et l’infantile en soi sont toujours impliqués dans toutes nos expériences actuelles. Elles témoignent de comment nous avons surmontés ces expériences de passivité des premiers temps et si nous avons acquis suffisament de sécurité intérieure, pour avoir la capacité d’aller vers la découverte, la curiosité, le plaisir...
Ces différents affects resurgissent lorsque un bébé apparait dans un couple. L’enfant se reconnait dans le visage de sa mère, mais sa mère et son père, revoient aussi l’enfant qu’ils étaient dans le visage de l’enfant et cela implique qu’ils doivent alors faire face à leurs propres éprouvés primaires émotionnels. Il s’ensuit un accordage affectif à trouver dans la relation avec son bébé. Il faut du temps pour se rencontrer, car il y a bel et bien un décalage entre le bébé réel et le bébé imaginaire, qui hérite de toutes les productions fantasmatiques que sa famille au sens large a pu projeter sur lui.
La psychanalyse peut permettre de soulager les blessures psychiques, mais aussi d’apprendre ou de réapprendre le plaisir, la confiance en soi, de tisser un lien entre le bébé à venir et celui qu’on porte en soi, en donnant ainsi tout son sens à la vie.