16 décembre 2014
Comme toute activité physique soutenue et régulière, la pratique quotidienne du vélo pour se rendre au travail ou vaquer à ses occupations est excellente pour la santé. Depuis les années 1950, des milliers d’articles scientifiques ont, en effet, peu à peu démontré les avantages considérables d’une activité physique modérée mais régulière, non seulement pour prévenir de nombreuses pathologies, mais aussi pour les guérir.
Les synthèses existantes sur le sujet s’accordent pour affirmer qu’une telle activité physique réduit de moitié le risque de développer des maladies cardiovasculaires, un diabète de type II ou de devenir obèse, et réduit de façon significative le risque de développer de l’hypertension, de l’ostéoporose, un cancer du côlon ou un cancer du sein. L’activité physique assure aussi une croissance harmonieuse chez l’enfant et l’adolescent, aide au contrôle du poids corporel, réduit l’anxiété et la dépression, améliore la confiance en soi et facilite le traitement des principales maladies chroniques (voir par exemple l’étude très fouillée de INSERM, Activité physique. Contextes et effets sur la santé, Éditions INSERM, 2008).
On sait même aujourd’hui calculer que, par rapport à une vie sédentaire, cinq heure par semaine à se dépenser physiquement suffit à gagner en moyenne 2,5 années d’espérance de vie (S. C. Moore et alii, « Leisure time physical activity of moderate to vigorous intensity and mortality. A large pooled cohort analysis », PLoS Medicine, vol. 9, n° 11, 2012).
Pourtant, la dernière enquête de l’Institut de recherche médicale et d’épidémiologie du sport estime que la moitié des Français ne fait pas assez d’exercice physique. En 150 ans, leur activité physique moyenne est passée de huit heures par jour à seulement une demi-heure, explique le spécialiste Jean-François Toussaint. La sédentarité provoquée d’abord par la motorisation puis par les écrans (télévision, ordinateur, smartphone…) est devenue aujourd’hui un problème de santé publique.
Et la pollution ? Et le risque d’accident ?
Certes, mais se déplacer à bicyclette dans la pollution et au risque d’avoir un accident n’annule-t-il pas tous ces avantages ?
L’impact de la pollution sur les divers usagers de la rue a été beaucoup étudié depuis vingt ans. Toutes les enquêtes montrent que les automobilistes respirent un air deux fois plus pollué que celui des cyclistes et quatre fois plus que celui des piétons, avec cependant d’importantes variations selon les polluants et les artères parcourues. Ces résultats s’expliquent par un éloignement différent des usagers par rapport aux polluants qui stagnent au niveau du sol. Toutefois, en s’activant, les cyclistes inhalent 2,4 fois plus d’air que les automobilistes, ce qui fait un peu plus qu’annuler cet avantage. Mais ils apprennent vite à s’écarter des pots d’échappement des bus ou des poids lourds qui démarrent, à retenir leur respiration quelques secondes à ce moment-là ou à trouver un itinéraire alternatif plus tranquille.
Les bilans de santé publique les plus récents en tiennent compte. Une récente étude concernant la région Île-de-France montre que les bénéfices liés à l’activité physique se révèlent vingt fois supérieurs aux risques liés aux accidents et à la pollution (Corinne Praznoczy, Les Bénéfices et les risques de la pratique du vélo. Évaluation en Île-de-France, Observatoire régional de santé d’Île-de-France, 2012). L’écart se creuse, en outre, avec l’augmentation de la part modale du vélo, grâce à la baisse relative du nombre d’accidents, car plus les cyclistes sont nombreux, plus ils sont en sécurité, phénomène qu’on appelle : « la sécurité par le nombre ».
Bref, comme le résume Olivier Razemon, journaliste au Monde : « Ne pas faire de vélo, c’est dangereux pour la santé. » (voir son blog L’interconnexion n’est plus assurée). Et ce résultat est d’autant plus vrai en milieu urbain où la gravité des accidents est bien moindre pour les cyclistes qu’en rase campagne. C’est pourquoi, partout en Europe et dans le monde, les autorités finissent toutes par encourager vivement la pratique quotidienne de la bicyclette.
Cet article reprend des extraits de l’ouvrage de Frédéric Héran, Le retour de la bicyclette. Une histoire des déplacements urbains en Europe de 1817 à 2050, La Découverte, collection Cahiers libres, Paris, 2014, 256 p. 17,90 €