Les nanotechnologies sont à l’origine d’une nouvelle sorte de matériaux, les nanomatériaux dont les utilisations se développent et posent des interrogations sur les risques potentiels pour la santé. Les nanomatériaux ont une taille de l’ordre du nanomètre. Ces dimensions dans l’infiniment petit confèrent à la matière des propriétés  remarquables, différentes de celle des mêmes matériaux à échelle macro ou microscopique.

 

Origine des nanomatériaux.

Les nanomatériaux sont des matériaux composés pour tout ou partie de nano objets. Un nano objet est un morceau de matière dont au moins une des trois dimensions est inférieure à environ 100 nm. On distingue les nanoparticules (ou particules ultra fines), les nano fibres ou nanotubes et les nanofilms. Il peut avoir une forme plus ou moins complexe, exister sous forme d’agrégats.
Les Nanomatériaux existent à l’état naturel par exemple produits par les embruns, par les volcans…
Ils sont également produits par l’activité humaine. Ils peuvent être  non désirés, par exemple émis par les moteurs diesel ou par le ponçage. Dans le domaine des nanotechnologies ils sont produits et utilisés intentionnellement (ex : dioxydes de titane , nanotubes de carbone..).

 

Les nanotechnologies : un enjeu économique et technologique majeur.
           
Les applications sont nombreuses et se développent rapidement dans l’automobile (matériaux renforcés et plus légers, peintures..), l’électronique, la chimie, les équipements sportifs (raquettes de tennis..), le textile (nano argent désinfectant ou désodorisant le tissu) mais aussi la pharmacie et la cosmétique (crèmes solaires invisibles, rouge à lèvre avec meilleure tenue) et bien d’autres…
On peut considérer ces nanomatériaux comme une nouvelle classe de produits chimiques.

 

Toxicité pour les travailleurs exposés ?

Les sources d’exposition professionnelle sont de 2 sortes :

- exposition suite à des procédés dont le but n’est pas la production de nano objets mais qui en génèrent : soudage, polissage, certaines combustions.
- expositions li ées à la production et à l’utilisation de nano objets.

L’évaluation des risques est  incomplète et difficile et il n’y a pas à l’heure actuelle de méthode simple et unique pour mesurer cette exposition professionnelle. Il n’existe pas de valeurs limites d’exposition professionnelle spécifiques aux nanomatériaux dans la réglementation française et européenne. Pour l’instant, la prévention des risques liés à la mise en œuvre des nanomatériaux est soumise à la réglementation du code du travail relative à la prévention du risque chimique. Ainsi, a minima, la réglementation relative à la prévention des risques liés aux agents chimiques dangereux (ACD : articles R. 4412-1 et suivants), s’applique.
En février 2006, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a publié les résultats des réévaluations du potentiel cancérogène du noir de carbone et du dioxyde de titane. 
Il a confirmé pour le noir de carbone le classement établi en 1996 – à savoir cancérogène possible chez l’homme (catégorie 2B) – et a modifié pour le dioxyde de titane celui établi en 1989, qui passe ainsi de la catégorie 3 (classification impossible quant au pouvoir cancérogène pour les humains) à la catégorie 2B.(source : INRS. Dossier :Les nanomatériaux juin 2009)

 

Des risques potentiels pour la santé :

Les données toxicologiques proviennent d’études réalisées sur des cellules ou sur l’animal et sont encore très incomplètes.
Les 3 voies de pénétration potentielles sont l’inhalation, l’ingestion et la pénétration cutanée.

Dans l’état actuel des connaissances, qui sont très parcellaires, la voie respiratoire constitue la principale voie de pénétration des nano objets. Le dépôt des nano objets dans les voies aériennes  est fonction du diamètre, du degré d’agrégation ainsi que du comportement dans l’air des nano objets.
La pénétration transcutanée est encore à l’étude mais il a été démontré que les nano objets pénètrent plus profondément  l’épiderme que les objets micrométriques.
 
La toxicité dépend ensuite du devenir des nano objets dans l’organisme. Plusieurs études semblent indiquer que les nano objets non agrégés et non agglomérés ne sont pas efficacement éliminés et  peuvent s’accumuler dans les alvéoles pulmonaires et occasionner certaines pathologies pulmonaires inflammatoires de type asthme.
Par ailleurs les nano objets insolubles semblent capables  de franchir les barrières biologiques et d’atteindre différents sites de l’organisme comme le foie, le cœur, la rate ou le cerveau dans lesquels ils pourraient jouer un rôle dans le développement de pathologies.

Les nano objets sont des structures diverses et complexes. Leur toxicité dépendent de nombreux paramètres comme la taille, le nombre, la surface, la forme, la porosité, la solubilité, la charge électrique, les degrés d’agrégation et d’agglomération….sans oublier la toxicité de la substance chimique de base.

Les données actuelles indiquent déjà que les objets nanométriques présentent une toxicité plus grande que les objets micro ou macroscopiques de même nature chimique.

 

Les recherches se poursuivent avec pour objectif d’améliorer l’évaluation des risques professionnels. Cela en développant des outils permettant d’améliorer l’information et la prévention : réglementation, fiches de données de sécurité, formation du  personnel, protection collective...
Les conséquences éventuelles du développement des nano objets pour l’environnement et pour les hommes devront aussi être évaluées.