La podoréflexologie, dite improprement réflexologie plantaire, est considérée, par les instances européennes, comme une “C.A.M.”, une “Complementary & Alternative Medicine” (médecine complémentaire & alternative). Plus précisément, elle est classée comme une “médecine complémentaire”, car elle s’intègre dans un cadre thérapeutique conventionnel, le “complète” en quelque sorte par le soutien homéostasique que la démarche & la technique réflexologiques génèrent.
Il n’en est pas de même, par exemple, de la médecine traditionnelle chinoise (M.T.C.), plutôt considérée comme une médecine alternative, car celle-ci a sa propre philosophie médicale, sa propre méthode diagnostique & sa propre thérapeutique. Cette démarche, intéressante au demeurant, est moins bien acceptée par un esprit formé à la démarche médicale dite scientifique, “occidentale” ou “conventionnelle”, car il perçoit une médecine “alternative” comme une “concurrente”, voire une approche dangereuse puisqu’elle nuit au patient en l’éloignant du seul bon traitement possible, l’allopathique...
Distinction subtile mais effective, même si les français regroupent ces deux démarches différentes dans le vocable plus large de “médecines non conventionnelles”. Si la réflexologie, podale, faciale, “palmaire”, ou autre, est effectivement considérée comme une discipline complémentaire à la médecine en général, car, après tout, (ou avant tout...?) cette dernière est unique - c’est celle qui “prend soin de...”, par définition - son action favorisant l’homéostasie est en complète “synergie” avec la “Médecine des Fonctions”.
Quelle est-elle? L’expression fut définie par un médecin français, Jacques Ménétrier. Ce médecin, contemporain d’Alexis Carrel, reçut la médaille d’or pour sa thèse de médecine, en 1939, Considération sur les réceptivités aux maladies. En 1958, il rédigea un ouvrage Les diathèses, puis en 1967 Introduction à une Psychophysiologie expérimentale.
Pour ce grand médecin français, les sources de la “Médecine des Fonctions” & de la “Psychophysiologie Expérimentale” furent Claude Bernard, Alexis Carrel & Gabriel Bertrand, entre autres. Loin d’être un théoricien de la médecine, mais clinicien & expérimental dans l’esprit, il se pencha davantage sur la méthode de la médecine. “Il est maintenant évident que la médecine moderne ne peut plus se satisfaire des moyens acquis par un siècle de lutte contre les agressions du milieu, contre les causes exogènes de l’infection & de l’intoxication. (...) Il importe donc de dépasser l’étape ‘pasteurienne’ de la pathogénie & de la thérapeutique (...)
“Le domaine de la connaissance scientifique est nécessairement limité à l’aspect objectif des phénomènes (...) Elle est incertaine par la nature même de sa fonction (...) Son oeuvre ne peut être que relative & constamment ouverte (...) Lorsque la connaissance scientifique dépasse le plan des constatations pour s’établir dans des explications, elle fait oeuvre métaphysique & se sclérose dans des dogmes (...) Orgueilleuse de ses pouvoirs, la science doit être humble dans ses prétentions (...) La connaissance scientifique est donc limitée à des méthodes d’examen rationnel &, par là même, relatif. Nous qualifions l’ensemble de la méthodologie scientifique de ‘méthode de l’incertitude’ (...) L’aspect objectif ne peut s’appréhender qu’à travers les successives étapes analytiques, synthétiques & expérimentales. Il serait vain d’accorder à un de ces moyens une position ou un pouvoir privilégié (...) C’est ainsi que nous sommes aujourd’hui victimes d’une manie analytique (...) Nous ne pouvons que constater le besoin général de dépasser le cartésianisme étriqué (...)
“La biologie apparaît devoir être la Science des sciences en ce qu’elle exige l’utilisation des trois termes complémentaires de la connaissance rationnelle. Elle est à la fois analytique dans ses constatations, synthétique dans ses rapports & expérimentale dans ses applications (...) La connaissance objective ne peut se séparer de l’analyse, de la synthèse & de l’expérience. Depuis Claude Bernard, nous savons l’importance de l’expérimentation en médecine; les progrès scientifiques ont mis en évidence les indispensables acquisitions analytiques & toute clinique est synthétique par définition” (Médecine des fonctions, Le François 1978)
Superbe démonstration du lien épistémologique entre la réflexologie & la méthode “analytico-synthético-expérimentale” de la Médecine des Fonctions. A tout le moins, l’épistémologie, ci-dessus définie, rejoint tout à fait celle qui est appliquée dans l’enseignement du Centre de Recherche, d’Etude et d’Enseignement des Réflexologies. Ce Centre a, en effet, adopté une démarche analytique & scientifique dans l’étude anatomo-physiologique, une démarche synthétique dans la clinique réflexologique, & une démarche expérimentale dans l’étude de la somatotopie (étude de la projection des organes corporels sous la forme de zones & points réflexes sur le pied).
Un quatrième terme, essentiel en Médecine des Fonctions, est celui de catalyse, qui, étymologiquement, est le “symétrique fonctionnel ou dynamique” de l’analyse. En effet, l’ana-lyse, signifie dissolution complète (ana = littéralement vers le haut; idée de complétude); la cata-lyse signifie aussi dissolution, mais dans un mouvement symétrique inverse (cata = vers le bas) Si l’analyse implique la décomposition d’un ensemble en ses parties, la catalyse implique la modification d’un tout par la seule présence d’un “élément”. Docteur Ménétrier poursuit: “Les problèmes de la dualité matière-énergie sont dépassés (...) Au-delà des oppositions apparaît la notion de fonction qui introduit dans la connaissance celle de relations donc de synthèses. Dans l’observable, notre meilleur & plus proche accès à l’énergétique est la catalyse, considérée comme un principe physique de complémentarité” Nous sommes bien loin de la conception ésotérique de l’énergétique, confusion grossière & imposture intellectuelle: la véritable énergétique est celle des fonctions biologiques, expressions dynamiques que permet la structure & la matière. La médecine des fonctions n’est donc rien moins que la médecine énergétique & biodynamique; elle est la partenaire toute trouvée de la réflexologie, technique énergétique par ses canaux de transmission neuro-végétatifs, selon toute probabilité.
“L’utilisation volontairement empirique de métaux & de métalloïdes dans la thérapeutique humaine & la constatation d’un optimum d’action à des quantités définies, permettent de montrer plusieurs faits:
- L’activité indiscutable de certains oligo-éléments dans le sens des régulations, des équilibrations psychophysiologiques
- La simplification de tableaux cliniques complexes & multi-symptomatiques selon de grandes diathèses ou ‘terrains’ & l’effet général d’une même thérapeutique sur ces manifestations
- L’impossibilité de dissocier les manifestations physiologiques & psychiques & la nécessité de les associer”
Cette citation du même auteur évoque le moyen, l’instrument par lequel cette Médecine des Fonctions opère: l’application d’oligo-éléments, selon une “typologie dynamique & clinique”, désignée par le terme de diathèses comme facteurs de régulation psycho-physiologique.
Concrètement, en effet, ne sommes-nous pas très souvent rendus perplexes par l’énumération des symptômes de nos clients, apparemment sans lien aucun? La Médecine des Fonctions vous donnera une “grille de lecture” fonctionnelle & dynamique de ces syndromes. Ils revêtiront un sens nouveau pour vous & vous serez aidés dans l’intelligence des difficultés psycho-physiologiques de vos clients. L’oligothérapie qui s’en suivra complétera heureusement votre soin & en prolongera l’efficacité. Votre réflexologie clinique deviendra ainsi une réflexologie de “terrain” dans le sens fonctionnel du terme. C’est le lien bio-physique & bio-logique entre réflexologie & tempéraments, d’autant que les diathèses évoquées sont aussi au nombre de quatre!
L’affinité intrinsèque de la Médecine des Fonctions & de la podoréflexologie est enseignée au Centre de Recherche, d’Etude & d’Enseignement des Réflexologies (www.reflexologie-creer.org). Elle est certes utile à tout réflexologue, dans l’exercice de son art, mais elle est tout aussi utile à tout thérapeute qui veut donner un sens psycho-physiologique à sa pratique.