La prévention doit s’éduquer tout au long de la vie, accompagner et guider l’être humain dans son évolution, étape après étape, anticiper et répondre à ses besoins. Elle doit commencer très tôt dès la maternelle. Les enfants se développent au travers de multiples apprentissages et sont très réceptifs aux êtres et au monde qui les entoure. Plus tôt ils reçoivent une éducation de prévention en milieu scolaire et familial mieux on prépare ces mêmes enfants à appréhender leur adolescence.
Chaque âge connaît des problématiques et des besoins spécifiques. L’adolescence est une période de transition entre l’enfance nostalgique, si proche du cocon familial et le devenir de l’adulte devant faire face aux responsabilités. Cette évolution est génératrice de tensions, d’angoisses et souvent de conflits au sein de la famille. L’adolescence doit être accompagnée dans la gestion souvent contradictoire de ses besoins, de ce paradoxe existentiel. Si l’adolescence est une période de découvertes et de bouleversements, elle est aussi une période de fragilisation. Quête d’identité, d’autonomie, d’affirmation, l’adolescent apprend en se confrontant d’abord seul au milieu familial, puis à ses pairs puis au monde extérieur. Comment trouve-t-il sa place, comment se forge-t-il ses repères ? A la fois dans un processus d’individuation et par l’expérimentation et les échanges avec ses pairs, sa tribu, dont l’adolescent s’approprie codes et rituels, et adopte une communication spécifique bardée de technologie (internet, portable, sms…) Les adolescents évoluent dans un monde qui va très vite, un monde insécure, un monde en perte de sens et de valeurs qui potentialise leur peur de grandir et inhibe leur confrontation avec le monde extérieur.
L’enjeu des soirées enfumées où coule à flot l’alcool et où circulent le cannabis et autres substances psycho actives, n’est pas une fête mais la mise en scène du désir de zapper ce monde anxiogène au moyen de conduites à risque. Ne peut-on faire la fête sans se détruire et éprouver le plaisir de partager avec ses pairs ?
Comment les adultes peuvent-ils accompagner les adolescents dans cette période difficile ? Quelle communication adopter et quels messages de prévention leur faire passer alors qu’ils sont surinformés par les médias et notamment internet, leur média de prédilection. Régulièrement des campagnes télévisuelles veulent frapper, choquer les esprits en mettant en scène des jeunes aux comportements transgressifs et aux conséquences désastreuses pour leur santé. Des images-choc d’adolescents sous l’emprise de l’alcool, de drogues, de saouleries collectives lors de soirées, sont montrées et accompagnées d’injonctions culpabilisantes. Quel impact ont ces images et ces messages sur ces adolescents ?
Si vous interrogez au hasard des adolescents, ils vous diront qu’ils sont saturés d’images et d’informations, que le discours des adultes est perçu comme un discours moralisateur axé sur les risques et les dangers liés à la consommation de produits illicites et plus largement liés aux conduites dites à risque.
Pour nombre d’entre eux, le mot prévention équivaut à mise en garde et interdits, pendant ce temps les adolescents continuent de consommer et de se mettre en danger… Alors faut-il parler d’échec des messages de prévention ? D’échec du discours des adultes ? Force est de constater que ce type de prévention négative qui consiste à faire prendre conscience par la peur, rate sa cible. Au contraire une prévention positive en direction des adolescents privilégie un niveau de qualité dans les échanges avec les adultes. La parole de l’adulte et notamment celle des parents est centrale. Elle doit être cohérente, et créer un climat de confiance et de respect mutuel. En reconnaissant aux adolescents leur besoin d’expérimentation, les parents, acteurs de la prévention, posent des limites, explicitent des règles, donnent du sens et de la reconnaissance si indispensables pour qu’ils se forgent une bonne estime de soi, une confiance en eux et en les autres.
Et vous, vous souvenez-vous de votre adolescence ?