Vous avez beau savoir qu’autour de la cinquantaine la femme vit et éprouve quelques bouleversements physiologiques et psychologiques car vous vivez dans une société de surinformation, vous avez beau lire la presse féminine, l’éplucher au bureau, à la cantine ou chez vous, en recueillir les témoignages et conseils, passer d’un magazine à l’autre, zapper les articles trop compliqués, les interviews de Nobel de médecine, vous avez beau consulter les gynécologues ou fréquenter les centres de consultation spécialisés comme le recommandent les grandes campagnes de santé publique, vous avez beau entendre parler de dépistage des cancers dits féminins, d’examens de mammographie, du risque de l’ostéoporose, de mises en garde et de tout un arsenal de mesures de prévention, vous avez beau faire main basse sur des stocks de capsules de soja ultra concentrées et autres dérivés miracles anti-ménopause, anti-âge vendus dans les pharmacies et parapharmacies, vous avez beau savoir que tout ça c’est la faute aux oestrogènes qui foutent le camp, fuguent et désertent la maison ovarienne, que cet abandon progressif puis définitif du domicile va marquer un coup d’arrêt irréversible à l’horloge biologique féminine qui s’était mise en route il y a quelques décennies, vous avez beau savoir que la machine ovarienne en cessation d’activité dépose le bilan hormonal de la vie des femmes avec pour solde des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes et avec pour corollaire des draps trempés qui bousillent vos nuits, une libido capricieuse qui flanche, une ostéoporose qui tricote de la dentelle, une prise de poids assortie de mauvaise humeur et du syndrome de la bedaine, et autres joyeusetés, vous avez beau savoir que la ménopause signe la fin d’un cycle naturel, celui de la fécondité féminine, elle sonne pourtant pour la plupart des femmes le glas du vieillissement de l’horloge biologique, du vieillissement tout court. Vous avez beau savoir que la ménopause n’est pas une maladie, vous n’arrivez pas à vous résoudre à ce déterminisme, à subir le sabotage et la mort des hormones, même si en réalité les règles et ses manifestations n’ont jamais été auparavant une partie de plaisir. Comme la plupart des femmes, vous redoutez particulièrement ce tournant majeur, synonyme de vieillissement et de déclin que vous renvoie une société qui porte au pinacle et célèbre la jeunesse et l’érige en norme faisant de vous des seniors pire des « mémères » et d’une pierre deux coups, des retraités incessamment sous peu, double peine en somme ! Un cadeau n’arrivant jamais seul…La retraite se profile à l’horizon marque aussi un arrêt et non la fin de la vie active. Femmes ménopausées et retraitées : même combat !
Vous avez beau tout savoir ou presque sur la ménopause et êtes capable de pondre une thèse de 3ème cycle sur le sujet à la Sorbonne, rien ne vous prépare en réalité à vivre cette étape en profondeur et vous n’échapperez pas à votre destin physiologique et à celui de la femme universelle, sauf incident de parcours, tel qu’en a décidé la grande ordonnatrice, Dame Nature.
Mais la science, la médecine, l’évolution des mœurs et la société s’en mêlent depuis quelques décennies et contrarient ses plans changeant de façon révolutionnaire la donne, levant ainsi un tabou : la ménopause n’est pas l’antichambre de la vieillesse mais une étape nouvelle à vivre sereinement. Cela passe par des traitements médicaux adaptés, votre acceptation des changements physiologiques et psychologiques, une hygiène de vie, une bonne image de soi et la volonté de ne pas subir la dictature des hormones. Aujourd’hui une femme d’une cinquantaine d’années a connu des expériences et des étapes de vie différentes : puberté, sexualité, vie amoureuse, vie conjugale, maternité, divorce, famille recomposée, célibat, vie professionnelle et personnelle… et peut espérer en vivre d’autres encore longtemps en bonne santé. Ainsi avec l’allongement de la durée de vie, la ménopause n’est plus ce compte à rebours du temps qui reste à vivre, ni la marque d’un déclin sexuel mais elle peut être au contraire une étape libératoire vers une vie amoureuse retrouvée, une sexualité plus épanouie. La société regarde aujourd’hui les femmes ménopausées non plus comme des femmes en fin de course mais comme des femmes actives, sexy, paraissant de plus en plus jeunes. La ménopause n’est plus ce tabou autrefois confiné entre les quatre murs du cabinet du gynécologue.
Elles vivent de plus en plus longtemps en pleine forme, désireuses de plaire. La ménopause est vécue comme un cadeau, un bonus de vie, une liberté retrouvée sans entrave, la promesse de belles années à vivre et à investir.
Maintenant vous savez vraiment.


Ruth Szulsztein
Psychologue
Janvier 2009