Geneviève est une femme âgée de 52 ans, sa fille de 30 ans a été violée et elle vient d’obtenir « réparation » par un jugement récemment rendu. Bien que l’ensemble de l’entourage proche de sa fille se réjouisse de la décision de justice, Geneviève, quant à elle, n’en n’est pas satisfaite, elle est dépressive et son attitude suscite l’incompréhension de tous ; ce qui donne à penser qu’au décours de sa propre histoire, un événement similaire s’est produit. Au cours de l’entretien, Geneviève dira, en effet, avoir été violée (il y a prescription maintenant), n’en avoir jamais parlé, pas même à son mari. C’est d’ailleurs, la première fois qu’elle en parle !

Comment pourrait-on "prévenir" les violences faites aux femmes ? Telle fut la question qu'une journaliste me posa, en tant que psychanalyste, très récemment.

Je me suis surpris à lui répondre qu'il faudrait, simplement, tout simplement, chacun avec sa compétence et de sa place, d'avocat, de chirurgien-dentiste, de médecin, de psychiatre, de psychanalyste, de sage-femme, d'infirmière, de puéricultrice, etc., mais aussi d'ami(e), mais encore de parent... qu'il faudrait tout simplement,... quoi ? Tout simplement ACCUEILLIR cette souffrance qui s'exprime par la parole à qui veut bien l'écouter, et mieux encore : l'entendre. Pas la fuir, pas la juger, pas y répondre à côté, pas l'ignorer. Non, l'accueillir !

Un, deux,…voire trois entretiens - pas beaucoup plus, d'expérience -, suffiraient pour débrouiller avec une femme sa question, son problème personnel, autour de cette dramatique problématique de la violence (physique, sexuelle ou morale) qu'elle subit : que ces entretiens se placent avant cette violence, pendant, ou après.

A l’issue de ces entretiens, le point serait fait, des conseils pertinents seraient donnés à qui les souhaite, une orientation judicieuse serait éventuellement proposée, en adéquation avec la question exposée ou le problème présenté. Une prévention pourrait dès lors s'engager, une prévention, à tout le moins de la récidive de la violence, pour un sujet femme désormais averti, éclairé, en toute connaissance de cause...

Pas besoin de millions d'euros pour cela, de subventions pharaoniques, publiques ou privées, de dossiers évaluables et pointilleux à monter... Non tout juste un peu de bonne volonté et surtout un fort désir d'accueillir l'Autre féminin, sa parole, sa souffrance,...et de lui permettre qu'il en soit fait autre chose... que des statistiques à effrayer, angoisser et rendre impuissant le citoyen ordinaire.

En 2010, le 39 19 a reçu près de 20 000 appels pour des violences conjugales.