Le cancer se caractérise par un développement anarchique et ininterrompu de cellules anormales dans l’organisme qui aboutit à la formation d’une tumeur.
Cette population de cellules agresse et détruit l’organe dans lequel elle est implantée et peut migrer dans d’autres parties du corps (métastases). Si la prolifération n’est pas stoppée, le cancer se généralise plus ou moins rapidement.
En France, le cancer est la deuxième cause de mortalité en France après les maladies cardio-vasculaires et plus de 150 000 décès lui sont imputables chaque année. Environ 270 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année.
Actuellement un cancer sur deux en moyenne (toutes localisations confondues) peut être guéri. La prévention des cancers tend à diminuer ou supprimer l’exposition à des facteurs de risque”. L’alimentation est à la fois un facteur de risque et un facteur de protection contre les cancers. Un tiers des cancers dans le monde seraient dû à une alimentation inadaptée, un surpoids et une sédentarité.
Depuis 1982, le Fonds mondial de recherche contre le cancer se consacre à la prévention du cancer dans le monde entier.
Son premier rapport publié en 1997, Alimentation, Nutrition et Prévention du Cancer : une Perspective Mondiale, élaboré par le réseau du WCRF, fait autorité en matière d'alimentation, nutrition et prévention du cancer. Dès sa publication, sa valeur et son influence ont été immédiatement reconnues et il a contribué à valoriser l’importance de la recherche dans ce domaine. Les pouvoirs publics, les professionnels de la santé et les centres de recherche et d'enseignement du monde entier l’ont aussitôt adopté comme document de référence.
Le deuxième rapport publié en novembre 2007 et rédigé par le World Cancer Research Fund, est destiné à servir de guide à la recherche scientifique, aux programmes de prévention du cancer et aux politiques de santé du monde entier pour les années à venir. Il apporte une base solide aux pouvoirs publics, professionnels de la santé et à tous ceux concernés par le sujet.
Il est le fruit de 5 années de travail. L’un de ses objectifs est de déterminer dans quelle mesure l’alimentation, la nutrition, l’activité physique ainsi que les composants de l’organisme modifient le risque de cancer, et également de définir quels facteurs sont les plus importants. Puisque l’environnement (alimentation, nutrition et activité physique notamment) influence le risque de cancer, cette maladie est évitable.
Les recommandations du rapport reposent sur des preuves scientifiques solides et leur mise en application devrait réduire l’incidence du cancer.
Voici les recommandations des experts :
RECOMMANDATION N°1 : LA CORPULENCE
“Être aussi mince que possible, dans les limites de la fourchette de
poids normale.”
Le rapport souligne l’importance de suivre l’évolution de la courbe de poids au cours de la croissance des enfants et des adolescents afin que l’IMC atteigne la zone inférieure de la fourchette normale à l’âge de 21 ans.
À partir de 21 ans, maintenir le poids corporel dans les limites de la fourchette normale. Pendant l’âge adulte, éviter la prise de poids et l’augmentation du tour de taille.
Explication :
Le maintien d’un poids optimal tout au long de la vie pourrait être l’un des
principaux moyens de se protéger du cancer tout en se défendant également contre plusieurs autres pathologies chroniques courantes.
RECOMMANDATION N°2 : L’ACTIVITÉ PHYSIQUE
“Être physiquement actif au quotidien”
- Pratiquer une activité physique modérée (comparable à la marche énergique) au moins trente minutes par jour.
Chaque jour, comme la condition physique s’améliore, fixer un objectif de
soixante minutes ou plus d’activité modérée ou de trente minutes ou plus
d’activité intense.
- Limiter les activités sédentaires (comme regarder la télévision).
Explication :
La plupart des populations et individus vivant en milieu urbain et industrialisé ont des niveaux d’activité inférieurs à ce qu’il conviendrait. L’activité physique, quelle qu’elle soit, a un effet protecteur contre certains cancers et également contre la prise de poids, le surpoids et l’obésité. Parallèlement, la sédentarité est l’une des causes de cancer, de prise de poids, de surpoids et d’obésité. En outre, la prise de poids, le surpoids et l’obésité sont également responsables de certains cancers.
RECOMMANDATION N°3 :
LES ALIMENTS ET LES BOISSONS FAVORISANT LA PRISE DE POIDS
- Limiter la consommation d’aliments à forte densité calorique :
Les « aliments à forte densité calorique » sont ceux dont l’apport énergétique est supérieur ou égal à environ 225-275 kcal/100 g.
- Éviter les boissons sucrées (essentiellement les boissons contenant des sucres ajoutés). Limiter également la consommation de jus de fruits.
Éviter autant que possible les plats préparés et la restauration rapide (ont généralement une forte densité calorique quand ils sont consommés fréquemment et en grandes quantités).
Explication :
L’accroissement de la consommation d’aliments à forte densité calorique et de boissons sucrées contribue probablement à l’augmentation de l’incidence de l’obésité dans le monde entier. Cette recommandation est avant tout destinée à prévenir et contrôler la prise de poids, le surpoids et l’obésité.
Les boissons sucrées fournissent de l’énergie mais ne semblent provoquer ni satiété, ni réduction compensatoire des apports énergétiques subséquents. Elles induisent une prise de poids.
RECOMMANDATION N°4 : LES ALIMENTS D’ORIGINE VÉGÉTALE
“Consommer principalement des aliments d’origine végétale”
- Consommer au moins cinq portions (400 g minimum) de légumes non féculents et de fruits variés par jour : les fruits de couleurs différentes (rouge, vert, jaune, blanc, violet, orange…) ainsi que les produits à base de tomates et les plantes de la famille de l’allium (comme l’ail).
Les nombreux nutriments contenus dans les fruits et les légumes contribueraient à décroître le risque de certains cancers : acide folique, vitamine C, caroténoides, bêta carotène, lycopène et sélénium.
- Consommer des céréales (graines) et/ou des légumes secs relativement peu transformés à chaque repas.
- Limiter la consommation de féculents raffinés (pains , pâtes, riz blanc ...)
Les personnes qui consomment des racines et des tubercules féculents comme aliments de base doivent s’assurer qu’elles mangent des légumes non féculents, des fruits et des légumes secs en quantité suffisante.
Explication :
Une approche intégrée des preuves scientifiques montre que les alimentations ayant un effet protecteur contre le cancer sont principalement composées d’aliments d’origine végétale. Une consommation plus importante de différents végétaux protègerait probablement de certains cancers. Une alimentation « d’origine végétale » privilégie les végétaux à forte teneur en nutriments et en fibres (donc en polysaccharides non féculents) et à faible densité calorique. Il est probable que les légumes non féculents et les fruits aient un effet protecteur contre certains cancers. Comme ils sont en général peu caloriques, ils évitent probablement la prise de poids. Parmi les légumes non féculents figurent les légumes verts à feuilles, brocolis, gombos, aubergine et certains
choux chinois (bok choy). Les pommes de terre, ignames, patates douces et le manioc sont des légumes féculents. Les carottes, topinambours, le céleri-rave, les rutabagas et navets comptent.
RECOMMANDATION N°5 : LES ALIMENTS D’ORIGINE ANIMALE
“Limiter la consommation de viande rouge et éviter la charcuterie”
La consommation de viande rouge et de charcuteries favorise la survenue de cancers colorectaux.
La « viande rouge » inclut le bœuf, le porc, l’agneau et le chevreau ainsi que la viande contenue dans les plats préparés.
La « charcuterie » comprend la viande traitée par fumage, séchage, salaison ou avec ajout d’agents chimiques de conservation ainsi que celle contenue dans les plats préparés.
Consommer moins de 500 g de viande rouge par semaine, dont une part minime ou nulle de charcuterie. Préférer la volaille et le poisson.
Explication:
Une approche intégrée des preuves scientifiques démontre que de nombreux aliments d’origine animale sont nutritifs et bons pour la santé lorsqu’ils sont consommés en quantités modérées.
Les végétariens présentent un faible risque de développer certaines maladies (dont les cancers). En revanche, il n’est pas toujours aisé de différencier les avantages liés à l’alimentation de ceux liés à d’autres aspects de leur mode de vie (abstinence de tabac ou faible consommation d’alcool par exemple). En outre, la viande peut apporter des nutriments importants, notamment des protéines, du fer, du zinc et de la vitamine B 12. Le panel souligne que cette recommandation n’encourage pas une alimentation sans viande ou comprenant très peu d’aliments d’origine animale.
Les quantités recommandées correspondent au poids de viande consommée.
En d’autres termes, 300 g de viande rouge cuite correspondent à environ 400- 450 g de viande crue et 500 g de viande cuite à environ 700-750 g de viande crue.
RECOMMANDATION N°6 : LES BOISSONS ALCOOLISÉES
“Limiter la consommation de boissons alcoolisées.”
En cas de consommation d’alcool, se limiter à une boisson par jour pour les femmes et à deux pour les hommes
Explications :
Les preuves scientifiques concernant le cancer justifient la recommandation d’abstention d’alcool tandis que d’autres montrent qu’une consommation modérée serait susceptible de diminuer le risque de maladies coronaires.
Toutefois, les preuves scientifiques ne permettent pas de déterminer un niveau précis de consommation en dessous duquel il n’y aurait pas d’augmentation du risque de développer un cancer. Cela signifie que, d’après les preuves scientifiques concernant exclusivement le cancer, il faudrait même éviter l’alcool en petites quantités. De plus amples renseignements sur le sujet figurent dans le quatrième chapitre du rapport complet. Lors de l’élaboration de cette recommandation, le panel a également tenu compte des preuves scientifiques indiquant qu’une quantité modérée de boissons alcoolisées serait susceptible d’avoir un effet protecteur contre les maladies coronaires.
Les preuves scientifiques démontrent que toutes les boissons alcoolisées produisent le même effet, les données n’indiquant pas de différences significatives entre elles.
Cette recommandation concerne donc toutes les boissons alcoolisées (bière, vin, champagne et autres types d’alcool). Le facteur qui compte est la quantité d’éthanol consommée.
Le panel souligne que les enfants et les femmes enceintes ne devraient pas consommer de boissons alcoolisées.
RECOMMANDATION N°7 :
“Limiter la consommation de sel”: éviter les aliments salés et conservés par salaison. Limiter la consommation de plats préparés contenant du sel ajouté afin de parvenir à un apport inférieur à 6 g (2,4 g de sodium) par jour.
“Conserver les aliments sans utiliser de sel”: les méthodes de conservation ne faisant pas appel au sel : réfrigération, congélation, dessiccation, mise en bocaux, mise en conserve et fermentation.
“Éviter les céréales (graines) ou les légumes secs moisis”
Explication :
Les preuves scientifiques les plus solides sur les méthodes de conservation, transformation et préparation des aliments indiquent que le sel et les aliments conservés par salaison sont probablement l’une des causes du cancer de l’estomac.
En outre, les aliments contaminés par les aflatoxines sont l’un des responsables du cancer du foie.
Le sel est nécessaire à la santé de l’être humain et à la vie elle-même mais à des taux bien inférieurs à ceux auxquels il est consommé dans la plupart du monde. La consommation d’aliments salés et de sel est trop élevée dans les pays à forts revenus et dans ceux où l’alimentation traditionnelle a une forte teneur en sel. Le facteur essentiel est la quantité globale de sel consommée.
La contamination microbienne des aliments, des boissons et des nappes
phréatiques est un problème de santé publique majeur dans le monde entier.
Plus précisément, la contamination des céréales (graines) et des légumes secs par les aflatoxines (substances produites par certaines moisissures quand les aliments sont stockés pendant trop longtemps à des températures élevées) pose problème, et pas seulement dans les pays tropicaux.
Le sel et les aliments conservés par salaison sont probablement responsables de certains cancers. Les aflatoxines sont une cause convaincante du cancer du foie.
RECOMMANDATION N°8 : LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES
“Chercher à satisfaire les besoins nutritionnels uniquement par l’alimentation”.
Les compléments alimentaires ne sont pas recommandés pour la prévention du cancer. La meilleure source de nutriments est une alimentation équilibrée.
Explication :
Les preuves scientifiques montrent que les compléments à forte teneur en nutriments peuvent aussi bien être protecteurs qu’inducteurs de cancers. Recommander la consommation de compléments pour prévenir le cancer pourrait avoir des effets secondaires indésirables. Il est préférable d’augmenter la consommation de nutriments adéquats par l’alimentation habituelle.
Les aliments et boissons restent la meilleure source de nutriments, et non les compléments alimentaires.
Des preuves scientifiques montrent que la prise de compléments alimentaires à forte dose peut modifier le risque de certains cancers. Même si certaines études portant sur des groupes en particulier, présentant généralement des risques élevés, semblent indiquer un effet préventif de certains compléments, ces résultats ne peuvent pas être transposés à la population en général. Le niveau de bénéfice pourrait ne pas être universel et des effets secondaires indésirables et rares pourraient être constatés. Il n’est donc pas recommandé d’encourager la prise de compléments comme moyen de prévention du cancer.
En général, chez les personnes en bonne santé, la meilleure façon de remédier à un apport insuffisant en nutriments est d’opter pour une alimentation riche en nutriments, et non de prendre des compléments qui n’encouragent pas la consommation d’aliments potentiellement bénéfiques.
RECOMMANDATION SPECIFIQUE N°1 : L’ALLAITEMENT
“Les mères doivent allaiter les nourrissons jusqu’à l’âge de six mois et par la suite introduire d’autres aliments.”
“Les enfants doivent être nourris au sein”
Explication :
Prolonger l’allaitement exclusif a un effet protecteur pour la mère et l’enfant en limitant le risque de cancer du sein chez la femme et en participant à lutter contre le surpoids et l’obésité chez l’enfant.
Les avantages de l’allaitement pour la mère et l’enfant sont bien connus. Essentiel pour l’instauration du lien entre la mère et l’enfant, l’allaitement protège contre les infections et maladies infantiles, et participe également au développement du système immunitaire, encore immature. L’allaitement est particulièrement essentiel dans les régions du monde où les ressources en eau ne sont pas fiables et où les familles modestes n’ont pas les moyens d’acheter du lait maternisé et d’autres produits pour nourrissons et jeunes enfants.
RECOMMANDATION SPECIFIQUE N°2 :
LES PERSONNES AYANT OU AYANT EUES UN CANCER
“Suivre les recommandations pour la prévention du cancer”
Explication :
Les personnes diagnostiquées d’un cancer et celles en rémission doivent pouvoir bénéficier des conseils d’un professionnel de la nutrition.
Si possible et sauf avis contraire, les recommandations précédentes concernant l’alimentation, le poids optimal et l’activité physique doivent s’appliquer à ces personnes.
Source : rapport ALIMENTATION, NUTRITION, ACTIVITÉ PHYSIQUE ET PRE- VENTION DU CANCER : UNE PERSPECTIVE MONDIALE publié par le Fonds Mondial de Recherche Contre le Cancer, Washington, novembre 2007.
Afin de commander le rapport, veuillez vous reporter au site Internet qui lui est consacré :
http://www.dietandcancerreport.org