Les enquêtes épidémiologiques récentes montrent une diminution significative de la carie dentaire dans les pays industrialisés.
Malgré tout, elle représente encore de nos jours, selon un rapport de l’OMS le troisième fléau mondial.
Nous souhaitons vous exposer de la manière la plus claire possible ce qu’est une carie, comment elle se développe et quels sont ses effets sur notre santé.
Pour que cela soit bien clair, nous allons commencer par un peu d’anatomie dentaire :
Les dents sont des organes spécialisés ayant une morphologie adaptée à leur fonction :
Les incisives, au nombre de 4 par mâchoire
(2 incisives centrales et 2 incisives latérales ) coupent les aliments.
Les canines, déchiquètent. Les 4 prémolaires écrasent la nourriture, quant aux molaires, elles servent à broyer.
Nous avons en principe 6 molaires par mâchoire : 2 premières molaires qui arrivent sur l’arcade vers l’âge de 6 ans, les deuxièmes molaires qui sortent vers 12 ans, et, les dents de sagesse qui, elles n’existent pas toujours, ou bien qui n’ont pas toujours une place suffisante pour évoluer.
Attention, les molaires définitives ne remplacent aucune dent de lait !
Il faut se souvenir que les enfants ont 20 dents, que les adultes ont 28 dents plus 4 dents de sagesse.
Chez l’enfant, les molaires de lait tombent et sont remplacées par les prémolaires définitives.
La dent se compose de la couronne et de la racine.
La couronne, partie visible, est recouverte d’émail, matière minérale non innervée. La nature a bien fait les choses, car l’émail protège la dent de toute sensibilité. Nous pouvons manger chaud ou froid sans aucun souci.
La racine qui se trouve dans l’os est recouverte de cément.
Sous l’émail, il y a la dentine fabriquée par des cellules appelées odontoblastes provenant de la pulpe. Les prolongements de ces cellules traversent la dentine jusqu’à l’émail. Ils sont accompagnés de fibres nerveuses.
La pulpe de la dent est un tissu conjonctif vascularisé et innervé. Les vaisseaux et les nerfs proviennent de l’os sous jacent à travers l’apex radiculaire (l’apex est l’extrémité de la racine). La racine est reliée à l’os par le desmodonte qui est un ligament.
Le développement d’une lésion carieuse nécessite la rencontre de plusieurs facteurs :
La plaque dentaire :
De nombreuses bactéries cohabitent et participent à la formation de la plaque dentaire. Certaines d’entre elles, tels les streptocoques - notamment le streptocoque mutans - et les lactobaciles fabriquent des acides qui peuvent attaquer les tissus minéralisés, les apatites dentaires, et qui les déminéralisent.
Plus le nombre de bactéries augmente, plus les risques de caries sont importants.
Le terrain :
L’hygiène bucco-dentaire.
Les susceptibilités individuelles : certaines personnes ont un émail plus fragile que d’autres, mal minéralisé qui résistera moins bien aux acides de la plaque dentaire. La grossesse, la ménopause, le manque de salive, des dents en malposition peuvent être un facteur favorisant l’évolution carieuse à une période de votre vie.
L’alimentation :
L’alimentation riche en acides favorisera la déminéralisation de l’émail.
Les sucres ont un rôle prépondérant dans le développement des caries dentaires. Les sucres favoriseront la formation de la plaque dentaire.
Développement du processus carieux :
Au tout début de la carie, on observe une destruction de l’émail par les acides d’origine bactérienne. Ces acides déminéralisent l’émail. A ce stade c’est indolore, imperceptible sauf pour votre dentiste.
Les ions présents dans la salive peuvent encore reminéraliser l’émail.
Si les bactéries poursuivent leur travail, la carie progresse, on a une atteinte de la dentine, encore appelée dentinite. A ce stade de la lésion il peut déjà y avoir des douleurs au chaud, au froid, au sucre .La carie se développe. La déminéralisation est de plus en plus rapide en direction de la pulpe.
Ces douleurs doivent vous amener à consulter votre dentiste.
En l’absence de soins, on aura une atteinte pulpaire, une pulpite. C’est ce que nous appelons communément « la rage de dents ».Cette douleur doit vous pousser à consulter en urgence.
On note une douleur spontanée, parfois violente, pulsatile, irradiante, beaucoup plus importante lorsqu’on se trouve allongé. En l’absence de traitement, cette lésion évolue vers une nécrose pulpaire et une atteinte des tissus environnants.
Maintenant, l’émail, la dentine, la pulpe et l’os sont atteints.
Les bactéries présentes dans l’ensemble de la pulpe vont progresser vers le bout de la racine, passent dans le foramen apical et les tissus environnants.
On notera l’apparition d’un abcès ou granulome, d’un kyste. La dent devient sensible au chaud et à la percussion, à la radiographie on peut remarquer un épaississement ligamentaire. Il y a un gonflement de la face, qui peut être localisé ou diffus.
On peut noter une halitose importante. La carie extensive doublée d’une infection donne une haleine fétide.
En l’absence de soins, cette infection peut rester localisée ou s’étendre à l’ensemble de l’organisme en passant par les vaisseaux sanguins et être responsables d’infections à distance : yeux, sinus, cœur, reins, articulations, poumons.
Ces sujets feront l’objet d’articles ultérieurement.