On sait maintenant que la maladie carieuse a une origine bactérienne. Sans bactéries, la carie ne peut pas se développer.
Un des moyens de prévention est de « renforcer » l'émail en utilisant les fluorures sous toutes leurs formes.
Un autre moyen de prévenir l'apparition de la carie, c'est d'avoir une hygiène buccale très rigoureuse, pour permettre d'éliminer efficacement la plaque dentaire.


Qu'est ce que la plaque dentaire ?

Au départ, c'est un film à la surface de la dent.
Cette pellicule collante à la surface de l'émail est chargée de protéines salivaires. Colonisée par des bactéries, elle se transforme en plaque dentaire, avec des bactéries très cariogènes comme le streptocoque mutans et les lactobacilles.
On dénombre plus de 300 espèces bactériennes différentes dans la cavité buccale. Ces micro-organismes sont des hôtes incontournables de notre cavité buccale. Il y a un équilibre qui se crée mais l'équilibre peut-être rompu. C'est à ce moment la, qu'une pathologie s'installe.
Il y a production d'acides qui attaquent la surface de la dent (c'est la déminéralisation). Cette déminéralisation peut-être contrebalancée si on a une remontée du pH salivaire (cela fera l'objet d'un autre chapitre).

Une bonne maîtrise de l'hygiène buccale doit permettre de réduire de façon significative l'apparition des caries et de la maladie parodontale.
Si la plaque dentaire est désorganisée régulièrement, elle ne peut pas arriver à maturation ce qui la rend moins agressive.


Comment y parvenir ?

Il faut avoir une hygiène buccale très rigoureuse. Le brossage des dents et des gencives doit être mis en place dès le plus jeune âge.
Le brossage est un acte élémentaire de l'hygiène buccale, au même titre que le lavage des mains.

  1. Le brossage doit se faire trois fois par jour, après chaque repas, pour supprimer les débris alimentaires et supprimer la plaque dentaire.
Il existe plusieurs méthodes de brossage, ici, nous allons vous donner une méthode simple et efficace, dite méthode du rouleau :
   * On brosse chaque mâchoire séparément en commençant par celle du haut.
   * On incline la brosse à dents contre la gencive avec un angle d'environ 45°, et on effectue un mouvement de rotation pour que les poils de la brosse à dents pénètrent entre les dents.
Cela veut dire que le brossage s'effectue toujours de la gencive vers la dent, toujours du rouge (gencive) au blanc (la dent). Ce mouvement doit être répété sur tous les groupes de dents, sur les faces externes (vestibulaires) et internes (palatines pour les dents du haut car elles donnent sur le palais, et linguales pour les dents du bas, parce qu'elles sont en regard de la langue). Pour brosser les incisives du bas, il est plus facile de placer la brosse en position verticale.
Il ne faut pas oublier de brosser les faces « masticantes », c'est-à-dire la tranche des dents qui est immédiatement au contact de la nourriture lors de la mastication, sans oublier l' arrière des dernières dents, tout au bout de l'arcade.
  1. Pour être très rigoureux, il faut également utiliser des brossettes inter dentaires et du fil dentaire
  2. Chacun de nous doit être capable de contrôler le développement de sa plaque dentaire et par conséquent la qualité de son brossage.
Pour se faire, il suffit d'utiliser un révélateur de plaque dentaire, colorant alimentaire, qui imprègnera ce dépôt mou qu'est la plaque dentaire et qui, par conséquent, permettra de visualiser les zones mal brossées.
  1. Le jet dentaire ou hydropulseur utilisé en fin de soins, laisse une sensation agréable en bouche. Mais attention, il ne remplace ni la brosse à dents, ni les brossettes. Utilisé seul, il ne décolle pas la plaque dentaire.



Le fluor élément de prévention

Les premières observations sur les bienfaits du fluor remontent à 1935 aux USA. On a observé un taux de caries plus faibles dans certaines régions, dont les eaux étaient naturellement riches en fluor. Des constatations similaires sont faites au Japon, mais là avec le thé riche en fluor.

 

Action du fluor systémique :

Le fluor (plus exactement les fluorures de sodium, de calcium) a une action préventive.
L'utilisation des fluorures a permis d'améliorer la santé bucco-dentaire.
L'ingestion du fluor est surtout efficace durant la période de formation des dents c'est-à-dire de la vie intra-utérine à l'adolescence.
C'est à ce moment de la formation que le fluor a une action au niveau de l'émail.

En effet, le développement de l'émail se caractérise par trois phases :
- la phase sécrétoire
- la phase de transition
- la phase de maturation.

Le fluor appliqué systématiquement aux dents influe à la fois sur les phases de transition et de maturation.

 

Action du fluor topique :

La carie dentaire se développe lorsque la plaque, une pellicule collante de bactéries à la surface de la dent, s'alimente de sucre et de résidus alimentaires pour produire de l'acide, qui dissout la surface de la dent (c'est la déminéralisation).

Le fluor topique agit de trois façons principales pour prévenir la carie dentaire. Les fluorures concentrés dans la plaque dentaire et la salive ont une action protectrice en :
- Limitant la déminéralisation et permettant à l'émail de mieux résister aux attaques acides. Il inhibe la déminéralisation. Le fluor est intégré à des cristaux à la surface de la dent, qui rend cette surface plus résistante à l'acide.
- Accélérant la reminéralisation des lésions carieuses et en contribuant à restructurer l'émail. Il favorise la reminéralisation de l'émail. Le processus de déminéralisation et de reminéralisation de l'émail est constant. Le fluor accroît la vitesse du processus, et l'incorporation du fluor dans le minéral le rend moins soluble à l'acide.
- Exerçant un effet antibactérien sur les bactéries cariogènes. Il inhibe la plaque. Le fluor peut tuer ou inhiber les bactéries et les rendre moins aptes à produire des acides tirés des hydrates de carbone.

 

Quelle est la voie systémique de fluoruration ?

- Les eaux de boissons naturellement ou artificiellement fluorées. Le meilleur moyen de prévenir la carie consiste à ajouter du fluor à l'eau potable. Le fluor agit en entrant en contact avec les dents. La bonne quantité de fluor correspond à environ 0,7 partie par million (ppm) dans l'eau potable. Vous pouvez vérifier auprès de votre municipalité locale quelle est la quantité de fluor contenue dans l'eau du robinet.
- Les sources naturelles d'eau peuvent aussi contenir du fluor. Si votre eau provient d'un puits ou d'une source, vous pouvez la faire vérifier. Si elle contient 0,7 ppm de fluor ou moins, elle est sûre.
Si le taux de fluor contenu dans votre approvisionnement en eau est de 0,3 ppm ou moins demandez à votre dentiste ou à votre médecin si votre enfant doit prendre un supplément.
- dans le sel de table
- certains médicaments

 

Quelle est la forme topique de fluoruration ?

Les dentifrices les bains de bouche
Les vernis et les ciments de scellement des sillons.

La bonne quantité de fluor prévient la carie mais ne cause pas de fluorose.
Depuis quelques années déjà, on s'interroge sur les risques liés à un surdosage en fluor chez le jeune enfant.
Il y a un risque de fluorose lorsque la dose ingérée dépasse les 5 mg/jour.

Au niveau de la cavité buccale, la fluorose entraîne des lésions (petites tâches opaques) qui apparaissent sur les premières molaires et les incisives. Les fluoroses plus sévères peuvent entraîner des modifications de la structure de l'émail et peuvent favoriser des déformations osseuses.
Ces fluoroses sévères se trouvent en particulier dans les régions où on exploite des mines de phosphate.

N'hésitez pas à interroger votre chirurgien dentiste




Tabac et parodontopathies

« Le tabagisme est une des principales causes de mort évitable et reste un enjeu majeur de santé publique.
Le tabac reste consommé par les hommes, mais les usages des hommes et des femmes sont d’autant plus proches que les générations sont jeunes.
La consommation est en baisse depuis 2000, mais, en 2005 et début 2006, on note une légère reprise des ventes.
Une part des usagers choisissent le tabac à rouler ou les cigarillos (moins chers), ou tentent de s’approvisionner à l’étranger.
Une partie des effets des politiques publiques de lutte contre le tabagisme est transitoire et les évolutions doivent se mesurer sur le long terme. »
Source : article Tabagisme en France, la Revue du Praticien Médecine Générale tome 21 n°756/757 du 30 janvier 2007

 

• Le tabac et les tissus dentaires

Le tabac a un effet sur l’augmentation du taux de caries :

Les glandes salivaires s’obstruent, la salive devient plus épaisse, moins abondante, il y a une diminution du pouvoir tampon de la salive et une augmentation de la cariogénicité.
On  remarque :

Une usure des dents, avec des facettes d’usure pour les fumeurs de pipe (emplacement de la pipe).
Des sensibilités dentaires liées au recul de la gencive.
Des érosions dues à la prise de pastilles pour supprimer l’odeur du tabac en bouche.

Le tabac a un effet sur la plaque dentaire : 

Le monoxyde de carbone augmente la croissance des bactéries pathogènes, et des germes anaérobies (qui vivent sans oxygène).
Le tabac transforme la flore bactérienne buccale.
Le tabac modifie la flore bactérienne et favorise la survenue d’agents bactériens impliqués dans le déclenchement de la parodontite

Le tabac assèche la cavité buccale par la chaleur des bouffées inhalées :

La chaleur altère les muqueuses.
Il peut y avoir une destruction des papilles gustatives contribuant à diminuer la perception du goût.
Les papilles peuvent également être affectées par un dépôt dû au goudron.

Le tabac a un effet sur les fibroblastes et le système immunitaire :

Le tabac affecte le système immunitaire général, ce qui rend plus difficile la lutte de certaines cellules contre l’invasion bactérienne.
Le tabac conduit à une baisse d’immunoglobulines IGA salivaires ainsi qu’a une augmentation du tartre supra gingival (présent au-dessus de la gencive).

La nicotine intervient aussi sur le fibroblaste (cellule gingivale responsable de la cicatrisation et de la réparation du tissu gingival). Les altérations du fibroblaste peuvent avoir des incidences sur les cancers de la muqueuse buccale.
Ainsi le fibroblaste revêt toute son importance dans la progression des parodontites et dans le processus de réparation locale.

Le tabac a un effet sur les tissus parodontaux :

On note une inflammation locale, une modification de la structure du tissu conjonctif parodontal, une modification de la quantité de la salive secrétée ainsi que sa composition.

Le tabac potentialise la perte d’os alvéolaire (os de soutien de la dent) chez les patients sains et augmente la sévérité de la parodontite chez les patients atteints.
La maladie évolue à bas bruit, en commençant par une gingivite (inflammation des gencives).
La gingivite du fumeur est différente de la gingivite normale, les bactéries de la plaque dentaire sont plus agressives, et, il n’y a pas de saignements, parce que la nicotine stimule la libération d’adrénaline qui ralentit le flux sanguin et qui diminue donc les signes de l’inflammation. Il n’a donc pas de signes pouvant alerter le patient, la maladie progresse insidieusement.

Le tabac est un facteur aggravant de la maladie parodontale. Il apparaît que 58% de la population française est concerné.

Différentes études montrent que :
- les fumeurs présentent plus de parodontopathies que les non-fumeurs. Le fumeur a un  risque de parodontite quatre fois plus élevé qu’un non-fumeur.
- la fréquence de la maladie parodontale est proportionnelle à la quantité de cigarettes consommées.
- la gingivite ulcéro-nécrotique (inflammation de la gencive caractérisée par une perte et une ulcération des papilles gingivales) est aussi plus fréquente chez les fumeurs. 


L’arrêt du tabac a un effet bénéfique sur les tissus de soutien de la dent. Un an après l’arrêt du tabac, on note une réorganisation de la micro circulation gingivale. La cicatrisation  et les défenses immunitaires sont de meilleure qualité.