Telle est la réflexion de beaucoup de parents. C’est normal. L’école est un univers particulier où l’enfant devient un élève dans un groupe. C’est d’une certaine manière un univers qu’on ne peut partager avec ceux qui n’en font pas partie. Comment le décrire ? De plus, raconter implique une conscience du temps que l’enfant n’a pas et qui se construit progressivement. Il vit dans le présent et peine à se reporter dans un passé qu’il a oublié et dans un futur qu’il n’imagine pas.
Pour obtenir des informations sur ce qui se passe à l’école, il faut les chercher ailleurs, dans les livres et dans les témoignages. En revanche pour communiquer avec son enfant il y a quelques règles à suivre.
Les voici :
- L’écouter en marquant son intérêt et en le relançant (Ah bon ? Et alors ?)
- S’abstenir de toute critique sur ce qu’il dit et la manière dont il le dit (par exemple ne pas corriger ses mots ou les tournures qu’il emploie car c’est se positionner de manière normative, en professeur, et ce n’est pas le moment.)
- Dire sa satisfaction de l’entendre si bien raconter.
- Ne jamais réutiliser ce qu’il a dit d’une manière qui le mettrait en difficulté ou sans son accord.
- Etre attentif à ce qu’il ressent (Tu as eu peur.. Tu n’aimes pas ça..)
Ce sont les règles de l’écoute active et de l’attitude empathique. Elles demandent un entrainement et ne sont pas faciles à appliquer car, en tant que parents, nous sommes tentés de juger, de critiquer. Cela fait partie de notre rôle qui est de protéger nos enfants contre les risques et de les défendre. Or juger tarit la possibilité d’obtenir l’information et pour protéger vraiment ses enfants il faut avoir de l’information sur ce qu’ils vivent. L’expérience montre que les enfants ne racontent pas forcément ce que les parents ont intérêt à savoir. Dans les cas de harcèlement scolaire par exemple, les enfants ont peur, ils somatisent et ne disent rien de ce qu’ils endurent. D’où la difficulté et l’importance de la confiance. La bienveillance est un élément clé pour l’obtenir.
Que faire quand l’enfant rapporte un fait choquant ? Lui demander ce qu’il en pense et ce qui lui fait dire ce qu’il dit avant d’exprimer son point de vue (Tu trouves qu’il est taré ? Qu’est ce qui te fait dire cela ?) et de marquer un désaccord (C’est peut-être un peu exagéré, non ?). Il s’agit de créer les conditions d’un dialogue où l’on accorde de la valeur au point de vue de l‘enfant. Quand on dialogue, on discute, on échange des points de vue ; on peut changer son opinion. Il faudrait que l’enfant puisse se dire : mon père, ma mère sauront quoi dire, quoi faire et qu’il ne soit pas arrêté par la crainte d’un jugement négatif, d’une réprimande ou d’une intervention impulsive sous l’effet de la colère ou de la peur.
Les situations où il faut faire respecter des règles sont différentes. Pour se faire obéir, il faut expliquer pourquoi c’est nécessaire et demander à l’enfant de faire confiance à son parent. Les parents ont une vision de l’avenir et de l’entourage qui les autorise à faire pression sur leurs enfants s’ils veulent jouer leur rôle. Les règles de communication sont alors différentes.