En un clin d’œil, survol de trois mille ans de conception du travail et du bien être qui va avec…
- A l’origine, l’étymologie n’est guère engageante : travailler vient du latin vulgaire « tripaliare » qui signifie « tourmenter avec le tripalium », instrument composé de trois pieux destiné à maintenir les bœufs ou les chevaux pour les ferrer. Une racine qui explique qu’un bien-être lié à une activité professionnelle relève alors de l’utopie.
- Dans la civilisation gréco-romaine, le travail est synonyme d’aliénation et, à ce titre, dévolu aux esclaves… Pour Platon et Aristote, on ne pouvait être content de son sort que si l’on jouissait d’une fortune personnelle pour ainsi échapper aux tâches communes et se consacrer librement à l’étude des questions philosophiques et morales.
- Au Moyen Age, même conception morose du travail. A ceci près qu’on y ajoute l’idée que l’homme se voit condamné à trimer afin d’expier le péché originel. Le travail n’est donc pas accidentellement pénible : c’est un des piliers de la souffrance terrestre.
- A la Renaissance, la bourgeoisie impose le travail comme une valeur de premier plan, source de pouvoirs et de richesses. La civilisation découvre l’économie, une idée qui fera son chemin… Et le succès de Michel Ange ou de Léonard de Vinci montre que le labeur peut permettre d’accéder à la gloire. Une caractéristique encore réservée à une élite…
- Au XVIIIè siècle, Diderot et Rousseau définissent le travail comme une façon de se réaliser pleinement soi-même et donc de mener au bonheur. Là encore, l’analyse rassure les élites…mais ne nourrit pas le peuple.
- Au XIXè siècle, deux conceptions s’opposent. La première perçoit le travail comme la forme la plus haute de l’activité humaine qui permet d’accéder à la conscience et à la liberté (Hegel). La seconde repose sur l’idée d’aliénation et d’exploitation de l’homme par l’homme (Marx).
- Dans les années 1930 aux Etats-Unis, le sociologue Elton Mayo est le premier à établir que les facteurs humains (respect, reconnaissance, chaleur attention…) sont plus importants que les conditions physiques pour motiver les employés à être plus productifs. C’est la première apparition historique de concept de « bonheur » associé au monde du travail. Il faut attendre plus d’un demi-siècle pour que ce soit timidement appliqué...