Attention : Cet outil requiert des conditions favorables d’environnement et de tranquillité émotionnelle pour son utilisation. Comme toujours, notez la date, l’heure, le lieu, la posture, l’état émotionnel et physique dans lesquels vous effectuez cette utilisation. Évitez soigneusement le travers consistant à utiliser cet outil en fonction de votre idéal et non en fonction de ce qu’est réellement votre action, besoin, réflexion ou senti profond, spontanément, à l’instant présent. Rappelez-vous que la chose la plus importante est d’être honnête avec vous-même. Ne vous comparez pas aux autres. La liberté dans la vie est de décider de vos propres normes.  Enfin, dites-vous qu’il n’y a pas de bon coaché ou de mauvais coaché, l’important et l’utile, ce sont les questions que vous vous posez et les actions que vous enclenchez pour utiliser cet outil.

Important : Cet outil a uniquement pour but de fournir une information supplémentaire qui peut être utilisée en complément d’un entretien. Il ne s'agit pas d’un service psychologique, mais d'information et d'éducation sur les phénomènes psychologiques. Aucune décision clinique ne peut être prise sur la base de cet outil ou sur aucun autre instrument unique.

 

 

Cécilia travaille plus de 70 heures par semaine et continue à prendre de nouveaux engagements. Antoine emporte tous les vendredis du boulot en week-end. « Il n’y a pas que les dépendances à la nourriture, à l’alcool ou bien à l’argent » explique Pascal Senk, auteure du livre « Se libérer des dépendances ».

En effet, il existe aussi les addictions à un comportement ou à une activité, on les appelle les Addictions Comportementales. On s’aperçoit aujourd’hui que de nombreuses activités, sources de plaisir ou de récompense, sont susceptibles de figurer au tableau : le travail en fait partie au même titre que le jeu, le sexe ou le sport par exemple.

On appelle parfois les addicts au travail des workaholiques, en comparaison avec les alcooliques (alcoholics en anglais), dépendants à l’alcool.

Ces addictions, terme signifiant « esclave de », se manifestent sous diverses formes mais qualifient toujours des conduites dites pathologiques. Or de plus en plus de personnes semblent touchées par ce mal des temps modernes.

Les drogués du boulot

Souvent, ces addicts au travail adoptent des comportements similaires. En premier lieu, leur nature anxieuse les pousse à agir sur un mode obsessionnel : ils ne pensent qu’à ça ! « Nombreux sont les workaholiques qui déroulent leur journée une fois dans leur lit et planifient la suivante sous la douche », précise Pascale Senk.

La dépendance au travail, tout comme les autres addictions, s’accompagne également d’une hâte compulsive. Ils ne peuvent plus s’arrêter. Ils bossent le week-end, les vacances les ennuient...

Un phénomène qui s’accompagne d’accoutumance. Pour les « addicts » le toujours plus est en effet une loi, érigée en mode de vie.

L’addiction : souvent des difficultés relationnelles et émotionnelles

« Tous les soirs, j’avais la hantise de rentrer chez moi » avoue Marie pour expliquer son activisme forcené.

Se plonger corps et âme dans son travail cache souvent une ou plusieurs difficultés relationnelles ou émotionnelles avec l’entourage et/ou avec soi-même. Les spécialistes sont d’accord : « La dépendance souligne souvent qu’on ne sait pas exister face au monde et indique un grand désarroi ».

Plutôt dire « je suis surbooké » que d’avouer ses angoisses.

Cette anxiété est justement le syndrome commun à tous ceux qui ont des comportements addictifs. « Ils ont peur de ce qu’ils ressentent. Ils ont donc tendance à fuir », ajoute Pascale Senk.

Plus vulnérables au stress que les autres, ils subissent en effet de fortes tensions internes. Le travail, comme la drogue ou l’alcool pour d’autres, les soulage alors temporairement.

C’est dès la petite enfance que se trouve l’origine des conduites addictives. Par exemple, une mère ou un père qui se sont montrés trop présents ou au contraire absents.

Mais c’est souvent à l’adolescence, que le trouble se révèle. Les premières prises de drogue, les troubles des conduites alimentaires ou un goût immodéré pour les études peuvent en être les premiers symptômes.
Aujourd'hui, alors qu'il apparaît comme le symbole de la liberté de chacun et comme l'instrument de l'affirmation de sa subjectivité, le travail ne permet pas toujours à la personne de se posséder soi-même : chez certains individus, le statut de « travailleur » englobe l'identité tout entière.
Le perfectionnisme, le besoin de tout contrôler et l'hyperactivité dominent l'existence de certains individus jusqu'à l'impossibilité, pour eux, de se détacher de leur activité : s'arrêter équivaut presque à se perdre à l'intérieur d'un vide et d'un abîme auxquels ils ne sont pas capables de faire face, sauf à se laisser complètement engloutir.
C'est pourquoi l'on parle aujourd'hui de dépendance au travail ou encore d'addiction au travail voire, nous l’avons dit, de workaholisme.
Et cela, afin de souligner comment le travail, au lieu d'être au service de l'accomplissement de soi, peut devenir l'occasion et la cause d'un épuisement et/ou d’un oubli de soi.
Ce phénomène est décrit par les spécialistes comme la plus « clean » des addictions. La pression sociale fait de celle-ci un des meilleurs exemples d’addiction dite positive.

Parmi les critères spécifiques du travail pathologique on peut citer les suivants :

- Hyperactivité
- Esprit de compétition et de défi
- Forte personnalité d’entreprise
- Désir illimité de satisfaction professionnelle, culte de l’entreprise et du travail
- Relation difficile avec les loisirs
- Détente difficile pendant les vacances et les week-ends (ramener du travail sur le lieu même des vacances)
- Négligence de la vie familiale
- Isolement
- Existence des manifestations de stress au travail


Les spécialistes décrivent trois étapes caractéristiques de ce type de trouble :

  1. Au premier stade, le travailleur est débordant d’énergie et ses capacités sont augmentées, il fait souvent un nombre impressionnant d’heures supplémentaires.
  2. Le deuxième stade correspond à l’apparition des difficultés dans la vie familiale et sociale.
  3. L’ultime stade est caractérisé par une forte diminution des capacités de travail, l’apparition de troubles psychosomatiques (troubles du sommeil, lombalgies, hypertension artérielle, syndrome de fatigue chronique, céphalées persistantes, problèmes cardio-vasculaires, ulcère gastro-duodénal).


Au stade final de cette addiction il faut mentionner les complications majeures liées au stress - troubles anxio-dépressifs et le syndrome de burnout. Le burnout représente un syndrome caractérisé par une fatigue et un épuisement physique et psychique extrême.

« Workaholique » : lorsque le travail devient une dépendance

La plupart des dépendances nous renvoient une image négative.

Que ce soit à l'alcool, au jeu, à la nourriture ou au sexe, elles font l'objet d'incessantes recherches afin d'en trouver les causes et les traitements.
La dépendance au travail fait exception à la règle. Nous disposons de très peu d’étude sur le sujet.

Encore aujourd'hui, les grands travailleurs sont perçus comme étant responsables, matures et vertueux. On croit volontiers qu'ils récoltent les promotions, gagnent beaucoup d'argent, sont respectés par leurs collègues de travail et par leurs supérieurs.

La réalité semble pourtant tout autre.

Le « workaholisme », décrit vers la fin des années 60 comme une relation pathologique d'un sujet à son travail, qui se caractérise par une compulsion à lui consacrer de plus en plus de temps et d'énergie, au détriment des autres aspects de sa vie, et qui persiste même si les conséquences sur la santé, la vie familiale et les relations sociales sont négatives, répond ainsi aux caractéristiques d'un trouble de dépendance.

Une dépendance « propre », « positive », qui paraît bien et qui suscite souvent l'admiration, mais qui peut avoir des conséquences graves.

« Gros travailleur » ou « workaholique »

Les experts s’entendent pour dire qu'il y a une différence entre le « gros travailleur » et le « workaholique ».

Le gros travailleur prend tous les moyens nécessaires pour accomplir son travail. Il peut passer de longues heures sur un travail et faire des heures supplémentaires lorsque la situation l'exige, mais les buts et les délais sont clairement définis.

Et surtout, lorsque le travail est accompli, il décroche facilement et il se garde du temps pour sa famille et ses amis.

Le « workaholique » considère le travail comme le centre de son univers. Il y sacrifie le sommeil, la nourriture, l'exercice, la famille, les amis et les loisirs.
Son obsession est telle que son bien-être physique et sa santé mentale en sont affectés. Guidé par la logique, il se prend au sérieux, se donne de hauts standards de performance et n’accepte pas facilement la faiblesse.

Il lui est difficile de travailler en équipe, son agressivité et son peu de confiance dans les autres le pousse à vouloir tout faire seul. Et lorsqu'un travail est terminé, il se sent déprimé ou anxieux.

Les conséquences sur la santé

Le workaholique vit un état de stress chronique qui peut mener à des problèmes sérieux de santé physique et mentale.

Maux de tête et migraines, tension artérielle élevée (risque accru de maladies cardiovasculaires), douleurs musculaires, indigestion, constipation ou diarrhée, ulcères, fatigue chronique et insomnie sont souvent associés à la dépendance au travail.

De plus, le stress affecte le système immunitaire, ce qui rend le workaholique plus susceptible de contracter d'autres maladies.

Psychologiquement, les choses ne sont pas plus roses : l'anxiété, l'irritabilité, la tristesse, la colère, l'hypersensibilité, l'apathie, le désespoir, l'insécurité et la dépression sont souvent le lot des workaholiques, de même que certains troubles du comportement : augmentation ou perte d'appétit, de libido, agressivité, augmentation de la consommation d'alcool ou de drogues, tabagisme et isolement.

Les conséquences sur la famille

Les workaholiques ne sont pas les seuls à souffrir de leur condition. Leur famille en est la plupart du temps affectée. Les conjoints se sentent ignorés, ont une image négative de leur union et ne se sentent pas en contrôle de leur vie de couple.

Certaines études démontrent que les disputes sont plus fréquentes dans un couple où l'un des deux conjoints est workaholique et que le taux de divorce est plus élevé.

Le climat malsain créé par un workaholique autour de lui a souvent des répercussions chez les enfants, qui manifestent parfois un besoin élevé de contrôle et un perfectionnisme exagéré, ce qui peut les entraîner à adopter des comportements compulsifs et à devenir eux-mêmes workaholiques.

Les conséquences au travail

À première vue, il peut sembler profitable pour une organisation d'engager un workaholique.

Attention cependant ! Le workaholique crée une atmosphère de stress dans une équipe, ce qui peut miner le moral de ses collègues et les conduire même à l'épuisement professionnel.

Le travail d'équipe avec un workaholique est difficile, parce qu'il a tendance à vouloir tout contrôler et à prendre tous les crédits pour lui.

Il n’est pas non plus le plus efficace des employés. Sa manie de faire des listes, de tout vérifier et revérifier, son incapacité à déléguer ou à partager les tâches le poussent à faire un tas de choses inutiles et à en prendre trop. Lorsque la fatigue s’installe, la productivité du workaholique en souffre, et il est plus susceptible de commettre des erreurs de jugement.

 

Test de mesure du Travail Pathologique
WART (Work Addiction Risk Test)
(fichier .pdf)

 

Alors…si vous êtes dépendant au travail…que faire ?

 

Modifier votre comportement

La plupart du temps, les addicts au travail nient être dépendants. D’après eux, ils sont adaptés à une société qui nécessite ce comportement. Sous prétexte de précarité, cette addiction trouve son entière justification.

Toutefois, il est indispensable de regarder la réalité en face. Les conséquences négatives du comportement addictif pèsent plus lourd que les bénéfices qu’on en tire.

Pour en finir avec cette dépendance et lever le pied, il s’agit d’abord d’accepter d’avoir besoin d’aide, puis de modifier sa conduite.

C’est le terrain d’action du coaching et des thérapies comportementales. Schématiquement, elles proposent d’apprendre à résister à la compulsion en trouvant des attitudes compatibles avec une vie « normale » : programmer des vacances et les prendre, laissez tomber le signal d’appel du portable, le vendredi soir (boulot fini ou pas) partir à 18h…

Par ailleurs, les thérapies de groupe et les groupes de parole fonctionnent bien également. La confrontation des participants permet des prises de conscience. À partir de là de nouveaux comportements peuvent s’établir.

Et comme toujours, si vous avez un problème d’addiction au travail, il n’y a que vous qui puissiez le régler mais…vous n’êtes pas obligé de le faire seul !!!

Parlons-en ensemble.

Prenez bien soin de vous & des autres,

 

Olivier Kramarz
Life Coach Addictologue
coach.addictologue@gmail.com