Attention : Cet outil requiert des conditions favorables d’environnement et de tranquillité émotionnelle pour son utilisation. Comme toujours, notez la date, l’heure, le lieu, la posture, l’état émotionnel et physique dans lesquels vous effectuez cette utilisation. Évitez soigneusement le travers consistant à utiliser cet outil en fonction de votre idéal et non en fonction de ce qu’est réellement votre action, besoin, réflexion ou senti profond, spontanément, à l’instant présent. Rappelez-vous que la chose la plus importante est d’être honnête avec vous-même. Ne vous comparez pas aux autres. La liberté dans la vie est de décider de vos propres normes. Enfin, dites-vous qu’il n’y a pas de bon coaché ou de mauvais coaché, l’important et l’utile, ce sont les questions que vous vous posez et les actions que vous enclenchez pour utiliser cet outil.
Important : Cet outil a uniquement pour but de fournir une information supplémentaire qui peut être utilisée en complément d’un entretien. Il ne s'agit pas d’un service psychologique, mais d'information et d'éducation sur les phénomènes psychologiques. Aucune décision clinique ne peut être prise sur la base de cet outil ou sur aucun autre instrument unique.
Nous appellerons « autosaboteur » l’ensemble de ces attitudes, habitudes et comportements que nous mettons en œuvre, avec parfois beaucoup de ténacité, et qui, paradoxalement, nous empêchent de faire ce que nous voulons ou avons besoin de faire, et finissent par se retourner contre nous.
Ces conduites et comportements sont plus ou moins conscients, plus ou moins contraignants, plus ou moins répétitifs. Ils constituent une entrave à notre liberté d’être (capacité à aimer, capacité à prendre soin de soi, capacité à pouvoir proposer des relations interpersonnelles saines). Ils sont des obstacles à notre sérénité et à notre bien-être.
Nous devons savoir que la recherche de la santé psychique et relationnelle n’est pas facile, ce qui veut dire que tout autosaboteur joue un rôle important dans nos modes de fonctionnements.
Un autosaboteur est semblable à un ami qui s’invite, qui paraît bien intentionné au départ, mais qui, très rapidement, se comporte comme un intrus, se transformant en véritable terroriste qui va, soit contrecarrer les décisions que nous prenons ou les choix de vie que nous faisons, soit nous entraîner dans une direction qui, nous le sentons, n’est pas bonne pour nous, mais que nous ne pouvons pas nous empêcher de prendre ! (En tant qu’addictologue, je ne peux m’empêcher de voir ici une ressemblance troublante avec des critères de dépendance à un produit psychoactif ou à un comportement.)
Un autosaboteur est d’une incroyable habileté pour avancer des raisons très pertinentes et censées, pour nous inciter à faire ce qui n’est pas bon pour nous ou pour nous suggérer de ne pas faire ce qui, au contraire, pourrait être bon pour nous.
Un autosaboteur est capable de développer un raisonnement parfaitement construit et argumenté, bien ficelé, pour nous pousser à imaginer par anticipation les conséquences négatives, terrifiantes, voire catastrophiques qui nous guettent si nous persistons dans notre idée de départ.
L’autosaboteur, bien installé en nous depuis des années, a plusieurs visages. Il peut se présenter avec la voix du bon sens et de la raison, ou au contraire avec la voix angoissée d’un petit enfant inquiet, ou d’un adulte fragile, perdu, qui a besoin d’être rassuré et apaisé, ou d’un adolescent révolté qui cherche à s’affirmer, ou encore d’un expert dont l’expérience ne peut être mise en doute.
Parfois encore, l’autosaboteur peut apparaître accompagné de l’image d’un parent culpabilisant ou critique, donneur d’ordre, de leçon ou de conseil : « Tu dois... tu ne peux pas ne pas faire... tu te dois de... il faut que tu… ». La gamme des ordres, leçons ou conseils qui nous poussent à faire ce que l’on ne souhaite pas est très variée et très persuasive.
L’autosaboteur joue principalement sur le registre des doutes, des peurs et de la culpabilisation, mais aussi sur l’image de soi. En ce sens, il peut alimenter une certaine « bonne image » que nous avons besoin d’entretenir en nous-mêmes, pour nous ou pour les autres !
Images du bon père ou mari, de la bonne mère ou femme idéale, du bon employé, du bon fils ou de la fille parfaite, que nous avons intériorisées et que nous allons nourrir et entretenir durant des années.
Images le plus souvent nourries de peurs irréalistes, aussi peu réelles que ne le sont la plupart des peurs. Peur de dire, de ne pas dire, de faire, de ne pas faire, d’être vu ou jugé comme on ne le veux pas ou étiqueté de façon péjorative; peur de ne plus être aimé, d’être rejeté, d’être nié, et bien d’autres encore.
On pourrait se demander d’où viennent les autosaboteurs qui nous habitent. Comment sont-ils entrés dans notre existence ? Parfois, très tôt, par des messages clairement négatifs (semblables à des refrains de chansons connues), ou par l’entremise de messages plus ambigus, plus ambivalents déposés sur nous quand nous étions enfants ou à l’adolescence.
« Oh! Celui-là, il vous en fera voir !»
« Celle-là, on voit tout de suite qu’elle fera courir les hommes! »
« Celui-là, il faudra le tenir serré si vous ne voulez pas que ça finisse mal un jour!»
« Je n’en ai pas connu beaucoup comme lui, aussi têtu que son grand-père! D’ailleurs, dans cette famille, il n’y en a pas un pour sauver l’autre! »
Les étiquettes posées, les injonctions énoncées dans l’enfance sont l’équivalent de véritables diktats qui vont définir une personne et conditionner par la suite la plupart de ses comportements relationnels. Les injonctions sont le plus souvent déposées par nos propres parents et ascendants ou par des proches de la famille pour tenter de nous faire entrer dans un moule, pour arrêter une action répétée, contrôler l’irruption des pulsions. Elles peuvent être imposées avec beaucoup d’amour (un amour inquiet, envahissant ou possessif!), mais rarement avec respect, et souvent avec autorité.
Certaines injonctions sont déposées non seulement sur la personne, mais aussi sur la famille, ce qui renforce parfois l’impact.
« Je me demande si cet enfant trouvera un jour quelqu’un qui l’aimera autant que moi! »
« Regardez-le, à peine quelques jours et il a déjà le caractère de sa mère! »
Mais il y a aussi, dans le développement d’un être humain, des ordres, leçons ou conseils qu’il se donne à lui-même, des interdits, des censures, ou même des défis qu’il est le seul à s’imposer.
Ce sont le plus souvent des moyens de défense pour faire face à une nouvelle personne, une situation de crise ou de stress, ou à un événement traumatisant, qui a brutalement envahi l’espace de vie privée ou professionnelle, auquel certains répondent par l’équivalent d’une politique de la terre brûlée pour éviter de craquer, de succomber ou de tomber plus bas.
Ces ordres, ces censures, ces interdits transformés en moyens de défense sont nécessaires peut-être au moment où on se les impose, ils sont des protecteurs ou des consolateurs utiles, mais ils vont se révéler être, par la suite, de véritables blindages, d’insupportables prisons qui enferment et inhibent les potentialités réelles.
Si l’on peut restituer les ordres, leçons ou conseils que l’on a reçus à ceux qui les ont déposées sur nous, et par là même s’en libérer par un positionnement nouveau face à eux, il est plus difficile par contre de se libérer de ses propres injonctions.
Nous avons à leur égard une fidélité (inflexible ? Voir Autosaboteur n°3 sur liste annexe)) très ancrée et tenace. Peut-être en souvenir du petit garçon ou de la petite fille que nous avons été et qui a survécu grâce à elles. Ces injonctions, ces diktats nous ont protégés, aidés à traverser des phases délicates, et y renoncer serait nous rendre vulnérables et pire, souffrir, du moins le croyons-nous!
Aussi, notons qu’un certain nombre d’autosaboteurs ne sont pas liés aux injonctions mais à l’image, à la bonne image que l’on veut se donner à soi-même, ou aux autres.
Chez certains, tout se passe comme s’il était important de réveiller le diable qui est présent en eux et qui va les déstabiliser, et leur donner également le sentiment qu’ils sont vivants, qu’ils existent, puisqu’ils « rament » ou qu’ils souffrent.
L’origine des autosaboteurs
Sans aller dans les extrêmes, disons que nous avons tous plus ou moins recours à des autosaboteurs. Nous avons même nos autosaboteurs de prédilection.
Ces derniers sont à l’œuvre depuis l’enfance et semblent, aux yeux de certains d’entre nous, remonter si loin dans le temps que nous les confondons avec nos origines et les considérons comme faisant partie de nous-mêmes, comme inscrits dans nos gènes, comme participant à notre caractère ou à notre personnalité.
Nous ne nommerons pas tous ces autosaboteurs, ils sont trop nombreux, se renouvellent à la demande et ont des ancrages profonds dans notre histoire.
Avant d’en présenter quelques-uns, mettons en évidence par quels chemins, par quels processus ils arrivent dans notre vie.
Même quand nous prenons conscience de leur existence, comme cela peut être le cas pour vous qui lisez cet outil, les autosaboteurs ne se laissent pas déloger facilement. Nous avons beaucoup de mal à renoncer à leur présence, car chacun d’eux, à sa façon, remplit une fonction.
Tout se passe comme si, à un moment donné de notre existence, ils nous étaient nécessaires, indispensables, même si par la suite ils se révèlent dépassés ou contraignants.
L’origine principale de la plupart des autosaboteurs semble résider dans l’inscription précoce, en nous, de certains manques.
Manque d’amour (ou d’une attention suffisamment bienveillante et protectrice aux premières années de la vie), manque de confiance (impression que l’on ne peut se fier à nos proches; que l’on est pas capable), manque d’espoir, manque de perspectives positives pour un futur proche ou plus lointain, manque de repères visibles et concrets.
Rester dans le manque et en faire un point de fixation (voire une obsession) suscite le plus souvent frustrations et angoisses, revendications et colères, violences et auto-violences. Le retournement de la violence contre soi, notamment par la consommation abusive de produits toxiques ou une alimentation compulsive, altère non seulement notre relation au monde, mais notre relation avec nous-mêmes.
C’est pourquoi, chaque fois qu’il nous sera possible de reconnaître le besoin qui est derrière le manque, les autosaboteurs diminueront, puis disparaîtront peut-être de notre vie.
Il peut être contre-productif de s’attaquer à un autosaboteur « de front » une fois qu’on l’a repéré. En effet, un autosaboteur peut en cacher un autre et, décider « coûte que coûte » de l’éliminer le plus vite possible nous ramène souvent dans l’obsession ou le perfectionnisme, pour le moins à la frustration et au manque. Et là…on y retourne, par un autre chemin !
Après l’identification, un travail d’acceptation de l’autosaboteur est nécessaire, en parallèle d’une analyse des options possibles à notre disposition pour combler le manque ou satisfaire le besoin non-satisfait avec une attitude ou une action bonne pour nous.
C’est donc tout un travail de recadrage que nous avons besoin d’accomplir, un travail de repositionnement des événements structurants de notre vie, ce qui nous permettra à la fois de mieux comprendre tout ce que nous avons entretenu, en nous, de négatif, et, soit de le remplacer par quelque chose de positif, soit d’y renoncer.
Pour que cela ne reste pas un vœu pieux, je vous propose de commencer par repérer des autosaboteurs que vous pratiquez dans les exemples proposés dans l’outil qui suit « Les autosaboteurs les plus fréquents » et que nous commencions à en parler.
Si vous repérez un autosaboteur qui vous « parle » dans la liste ci-dessous, écrivez-moi ce qui vous fait le penser en donnant des exemples précis, (date, noms, situations, etc.), la première des étapes pour se débarrasser d’un autosaboteur étant de l’identifier, de sortir du déni le concernant.
Prenez bien soin de vous et des autres,
Olivier Kramarz, Life Coach Addictologue.
Feedback sur coach.addictologue@gmail.com
LES AUTOSABOTEURS LES PLUS FREQUENTS
Liste non-commentée d’autosaboteurs fréquemment rencontrés (fichier .pdf)