Attention : Cet outil requiert des conditions favorables d’environnement et de tranquillité émotionnelle pour son utilisation. Comme toujours, notez la date, l’heure, le lieu et la posture dans lesquelles vous effectuez cette utilisation. Évitez soigneusement le travers consistant à répondre en fonction de votre idéal et non en fonction de ce qu’est réellement votre action, réflexion ou senti profond, spontanément, à l’instant présent.
Enfin, dites-vous qu’il n’y a pas de bon score ou de mauvais score, l’important et l’utile, ce sont les questions que vous vous posez pour utiliser cet outil.
Important : Cet outil a uniquement pour but de fournir une information supplémentaire qui peut-être utilisée en complément d’un entretien. Aucune décision clinique ne peut-être prise sur la base de cet outil ou sur aucun autre instrument unique.
Je regardai Stéphanie (tous les prénoms ont été changé), ma coachée - qui avait combattu pendant des années pour atteindre une abstinence de sucre - sa clé pour rester abstinente de comportements addictifs avec la nourriture - et senti ce qui allait arriver.
Son soin d’elle-même recommençait à s’éroder. Elle recommençait à sauter des repas. Elle manquait de nouveau de sommeil. Au travail, elle revivait des périodes ternes avec des difficultés à faire face, qui impliquait des remarques négatives de sa directrice.
Quel mauvais timing. Elle venait juste de recevoir une promotion. Elle avait changé pour un nouveau et super bureau. Elle avait tourné dans sa ville avec des agents immobiliers dans une recherche excitante de son premier « chez moi ».
Quel était le problème ici ? Était-ce seulement trop difficile pour elle d’accepter une vie sans compulsion alimentaires, ou était-ce autre chose de plus important ?
Dans ma période d’accompagnement de Stéphanie et d’autres coachés aussi, chaque « lot de progrès » semblait être suivi par un prévisible retour en arrière dans un état de défaite et de désespoir.
Cette « prévisibilité » me disait que quelque chose de plus grand qu’un « pas de chance » ou « c’est dommage » était en place. Pendant que je pensais à cette espèce de récurrence, une pensée traversa mon esprit : Et si Stéphanie était dépendante à l’autosabotage?
A chaque fois qu’elle commençait à se sentir mieux, à atteindre quelques succès, ou bien faisait un autre progrès, elle faisait en sorte que quelque chose viennent saboter ce progrès. Ceci rendait les choses très difficiles pour moi pour l’aider et difficile pour elle pour s'aider elle-même.
Comme faire le point sur un appareil photo, si soudainement plusieurs événements différents et disparates viennent se mettre à leur place et je trouvai ici une clé pour aider ces clients si difficiles à aider, ceux qui mettent en place ce système d’autosabotage encore et encore.
Est-ce qu'elle voulait souffrir ?
Est-ce que les personnes addict à l’autosabotage comme Stéphanie choisissent délibérément de souffrir ?
Pas vraiment.
Un réponse plus adaptée serait que l’autosabotage est un « produit » issu des choix qu'elle se sent obligée de faire quand les choses vont trop bien.
Ça marche comme ça.
Quand les choses vont bien, l'anxiété se construit à l'intérieur de Stéphanie.
A un moment, elle doit faire quelque chose pour que cette anxiété s'en aille.
Deux options lui apparaissent alors clairement : se tourner vers un produit qui modifie le comportement ou vers une activité qui semble temporairement relaxante, ou plus vraisemblablement, saboter l'arrivée de bonnes choses. Chaque choix réduisant l'anxiété que les sensations positives provoquent en elle.
Cependant, ses choix produisent aussi d'autres conséquences : mouvements dans une direction négative, perte de soi, isolement, et retour de l’absence d’espoir, de la désespérance, ou de la souffrance.
Comme résultat, Stéphanie se sent misérable, mais elle se sent aussi plus en sécurité.
Souffrir n’est peut-être pas l’état qu’elle a cherché consciemment mais il devient la conséquence naturelle de ses efforts pour réduire son anxiété.
L’autosabotage ou le sabotage de soi
L’autosabotage est toute action (ou non-action) qui mène naturellement à une conséquence négative. C’est le « comportement-signature » de l’addiction à l’autosabotage.
Martin était en retard pour tout. Même si ces amis faisaient des blagues à ce propos, cela les irritait et créait de subtiles frictions dans ses relations. Il était en retard au travail suffisamment pour être réprimandé et pour rater une promotion. Il était toujours en retard pour payer ses impôts, rendre ses rapports, et renouveler son contrôle technique automobile.
De l’extérieur, ça ressemblait obstinément, au pire, à un problème de procrastination. Vu de l’intérieur, c’était une autre histoire. Martin était profondément rempli de peur. Il s’attendait à être critiqué ou blessé dans chaque situation, donc il avait des difficultés à se mettre en mouvement.
Quand on lui offrait une opportunité, comme un cours ou une thérapie de groupe, il était si paralysé par la vision de lui-même embarrassé ou apparaissant ignorant, qu’il remplissait la fiche d’inscription trop tard pour être accepté. L’année dernière, même avec une rage de dent, il continuait de repousser les rendez-vous chez le dentiste. Au moment où il arriva chez le dentiste, sa dent était si infectée qu’elle dû être arrachée immédiatement.
Martin se calmait avec des jeux vidéo ; Il allait sur le net et prenait un guerrier comme avatar. Son temps passé à jouer dévorait celui qu’il aurait du prendre pour un rendez-vous médical ou pour aller au pressing. A l’arrivée, il allait au travail dans un costume négligé, l’air défait, parfois sentant même mauvais. Tout ceci le tint définitivement hors d’atteinte de la promotion et fit s’éloigner les gens.
Il faisait aussi collection de métaux et passait des heures sur des plages désertes à fouiller le sable pour trouver des pièces. Il était inscrit dans un club de collectionneur, mais il était, bien sûr, souvent en retard aux réunions. Il s’inscrivit dans une association qui proposait des activités culturelles et sportives dans sa ville, mais dans la peur de faire quelque chose de raté, il n’offrait jamais son aide ni ne proposait d’idées, ni n’apportait quoi que ce soit à manger ou à boire.
Regroupées, ses activités et ses inactivités sabotaient la plupart des opportunités pour une vie mieux remplie. Ce n’est pas qu’il souffrait au sens propre du terme. Son monde était plutôt gris et limité, mais il était rassurant.
Un moyen de repérer le comportement d’autosabotage est qu’il est à la même distance entre l’action (ou la non-action) et les conséquences de l’action (ou de la non-action).
Caractéristiquement, l’action (ou la non-action) est de loin plus facile ou plus supportable que les conséquences. Une conséquence relativement sévère, punitive ou de longue durée pourrait être évitée par une mesure relativement simple et rapide.
Outils addictifs
Si je m’étais concentré sur l’addiction à la nourriture de Stéphanie, j’aurais considéré sa situation à partir d’un point de vue trop étroit. L’addiction à la nourriture, aussi puissante soit-elle, n’était pas son plus gros problème. C’était plutôt un outil addictif.
Et elle en avait une boite entière dans laquelle elle utilisait celui qui donnerait le résultat le plus rapide. Elle était pleine d’attentions, souvent concentrées sur les besoins des autres. Elle achetait compulsivement au moins une fois par semaine. Quelqu’un lui enseignait les métiers du cuir et, en moins d’un mois, elle avait une armoire pleine de « trucs » en cuir et fabriquait des produits en cuir sans s’arrêter.
Chacune de ces activités pouvaient paraître innocentes individuellement, mais prisent ensemble, elles l'ont ainsi si distraite et épuisé qu'elle n'avait jamais ni le temps ni l'énergie pour s'occuper des activités importantes pour la bonne marche de sa vie.
Un des moyens de repérer une personne addict à l’autosabotage est le constat de cette constante alternance entre produits qui modifient le comportement ou suractivité à un point que des opportunités sont ratées ou que le soin de soi est négligé.
Autres symptômes
Un autre symptôme est le suivant : si un médicament comme un antidépresseur peut l’aider, une personne addict à l’autosabotage est reconnaissable par le fait qu’elle veut arrêter de le prendre, ou par le fait qu’elle va prendre moins que la dose prescrite pour qu’il soit efficace.
Cette personne, également, aura démontré de la résistance à accepter de prendre ce médicament dès le début de sa prescription. Il a fallu de nombreux mois avant que Stéphanie accepte de rencontrer un médecin qui pouvait prescrire ce type de médicament.
D’autres symptômes révèlent des récurrences du même ordre :
- Évitement et/ou résistance,
- Quitter ou stopper une suite d’évènements positifs,
- Peur du bien-être, du succès ou du bonheur,
- Ne pas agir quand un acte est requis ou indiqué,
- Indécision,
- Se sacrifier pour les autres,
- Désirer ardemment une certaine expérience, mais insister pour qu’elle prenne une forme qui ne peut pas ou ne pourra pas fonctionner,
- Désirer quelque chose qu’ils n’obtiendront jamais s’ils continuent à faire ce qu’ils font,
- Ressentir que leur vie est sujette à une espèce de mauvais sort, qu’ils sont maudits,
- Se sentir nul(le), inutile et sans valeur,
- Ne pas changer leur comportement après qu’il est provoqué de nombreux problèmes ou échecs,
- S’aliéner les personnes qui peuvent leur offrir le plus d’aide ou d’avancement,
- Rechercher ardemment l’attachement mais éviter l’intimité,
- Avoir le sentiment que «ça ne collera jamais» ou qu’ils n’appartiendront jamais à un groupe,
- Être attiré par des personnes non-disponibles,
- Perdre des amis ou des proches en sabotant la relation avec eux,
- Perdre des amis ou des proches qui ne peuvent plus endurer leur frustration de voir une personne qu’ils aiment se placer constamment dans une trajectoire de rupture,
- Enclencher facilement un sentiment de honte,
- Tomber malade souvent, spécialement pour éviter des situations ou des choix épineux,
- S’autocritiquer,
- Refuser les traitements ou les médicaments aidants,
- Être particulièrement lent à rechercher ou utiliser des remèdes pour des maladies ou des blessures.
Nous faisons tous ce genre de chose de temps en temps. Même une personne dépendante à l’autosabotage ne les fait pas toutes, mais elle se retrouve régulièrement bloquée dans une forme de ces patterns ou attitudes.
Quelles sont les causes de l’addiction à l’autosabotage ?
Les recherches en matière de dépendance à l’autosabotage sont trop récentes pour donner une réponse définitive. Cependant, en me fondant sur ma propre expérience clinique et sur celle de confrères qui me l’ont témoigné, il y a des récurrences que j’ai pu constater.
Échec de l’attachement durant l’enfance
Chaque personne addict à l’autosabotage avec laquelle j’ai travaillé, possède des antécédents de liens affectifs non-sécurisants avec ses parents ou substituts parentaux. Un enfant sécure est aidé pour trouver un équilibre entre le contact (intimité) et l’exploration (autonomie).
Quand les parents sont incapables de fournir un lien sécurisant, l’enfant est obligé de choisir entre l’un et l’autre.
Une autre stratégie que l’enfant peut développer est de devenir « lié dans la distance » - ne pas s’impliquer avec le parent en étant très occupé ou éloigné.
Une autre stratégie est de s’accrocher au parent tout en exprimant de la colère indirecte, subtile, ambivalente, préoccupante ou résistante.
Dans le premier cas, l’enfant sacrifie l’intimité, dans l’autre, l’enfant sacrifie l’autonomie.
Les enfants avec des parents non-sécurisants ne se sentent pas en sécurité dans aucune des deux stratégies donc ils restent coincés entre des envies d’intimité et des envies d’autonomie. On peut appeler cela du lien désorganisé et désorienté.
Parents critiques, dans le jugement, colériques ou non-sécurisant
Stéphanie et Martin furent deux cibles, à travers l’enfance et au-delà, des critiques sans fins de 2 pères en colère.
La mère de Stéphanie, Éloïse, était dans la peur, beaucoup trop intimidée par son mari pour intervenir et soutenir Stéphanie, et trop effrayée par l’insécurité économique pour franchir l’énorme pas de le quitter et de se sortir, elle et sa fille, de cette situation.
Une manière d’évacuer sa peur était de sur-réagir aux aspects de la personnalité de Stéphanie qui faisait ressortir sa propre peur.
Par exemple, Stéphanie aimait les couleurs vives, mais, dans l’esprit de sa mère cela rendait Stéphanie encore plus « visible ». Elle disait donc, trop violement, quelque chose comme : « c’est horrible sur toi » ou « pourquoi veut-tu mettre quelque chose d’aussi dur à porter ? ».
Ses raisons étaient peut-être d’encourager sa fille à se camoufler comme un mécanisme de défense pour éviter « le missile à tête chercheuse de son mari », mais le résultat fut que Stéphanie n’avait aucune foi en sa propre capacité à faire des choix. Comme chaque choix qui provenait de sa propre croyance interne lui apportait toute sorte de critique ou d’abus émotionnel, elle apprit à choisir contre ses propres croyances internes. Cela conduisait à ne jamais se sentir bien à propos de quoi que ce soit.
Devenu adulte, quand Stéphanie préférait quelque chose, elle s’en éloignait automatiquement. Elle se retrouvait finalement avec des amis, un travail ou du mobilier qui ne parlaient pas à son vrai « moi ».
Quand elle était enfant, les fils de la pensée de Stéphanie s’emmêlaient. A l’âge adulte, cette confusion l’entrainait dans des dilemmes perpétuels qu’elle résolvait en se calmant avec du sucre ou d’autres outils de compulsions.
Martin ne faisait jamais rien de bien aux yeux de son père. Sa mère, cible elle aussi, avait laissé tomber depuis longtemps. Martin ne la connut que comme une ombre silencieuse et passive qui traversait la maison et la cuisine.
Nous ne sommes pas surpris qu’un parent abusif soit la cause de la détresse d’un enfant. De même, il s’avère qu’un parent qui fait peur est aussi alarmant et laisse l’enfant sans aucune stratégie efficace pour vivre. Avec un parent critiquant et qui fait peur, un enfant est, psychiquement, livré à lui-même.
Protéger un ou ses deux parents
Un facteur éloigna Stéphanie des bénéfices d’une thérapie pendant des années : elle ne s’autorisait jamais, en aucune circonstance, quel qu’en soit le coût pour elle, à être en colère contre sa mère.
Entre un parent constamment en colère, dur, critiquant et méchant et un autre parent qui était dans la peur, passif, critiquant, mais aussi attentionné, elle alla vers celle qui exprimait de l’amour en prenant soin d’elle.
Nous pouvons considérer aussi que, à sa manière, la mère de Stéphanie était abusive. Éloïse était la meilleure option de Stéphanie dans un foyer qui allait de travers. Éloïse ne protégeait pas sa fille alors sa fille la protégeait. Stéphanie prenait soin d’elle, se centrait sur elle, lui offrait des cadeaux, et montait la garde pour elle. Devenue adulte, Stéphanie montra de l’affliction, non pas pour elle-même mais pour sa mère. Elle pleurait les larmes de sa mère.
Cet « effet protecteur » s’étendra sur le lieu du life coaching. A chaque fois que Stéphanie ressentait des sentiments qui étaient à la lisière de la colère envers sa mère, elle se défaussait, s’autosabotait, ou sabotait son coaching. Malgré sa prise de conscience croissante qu’était là son comportement d’autosabotage récurrent, elle continuait à ne pas laisser la colère sortir. Elle sacrifia des années de sa vie au nom de sa mère.
A quoi sont-ils dépendants ?
Avec la drogue, la nourriture ou le jeu, l’addiction est très visible. L’objet d’addiction est la substance ou l’activité (autant qu’à l’état induit par l’usage de la substance ou de l’activité). La pièce maîtresse de l’attention – alcool, sucre, machine à sous – apparaît comme l’icône du problème.
Dans le cas de l’addiction à l’autosabotage, le noyau est plus subtil. La pièce maîtresse de l’addiction à l’autosabotage est un système.
Les personnes addicts à l’autosabotage ont conçu un système par lequel elles survivent à la déception écrasante, à l’abandon dévastateur, aux montées de désespoir, aux fréquentes séparations, à la peur, à être incomprises et mal entendues.
Leur système a même été suffisamment puissant pour résister aux chuchotements séduisants de leurs propres esprits, qui leurs disent qu’elles feraient mieux de laisser tomber complètement.
Les addicts à l’autosabotage sont dépendants à ce système car il les a sauvés de la destruction. De nombreuses personnes addicts à l’autosabotage traversent la journée en dépit d’une grosse envie d’abandonner, un désir de s’endormir pour leur dernière nuit.
Heureusement, une force de vie continue de battre en elles. Ce sont des personnes courageuses, parce qu’elles continuent de marcher malgré le son de la musique du désespoir.
Les addicts à l’autosabotage sont en manque de l’état qui est créé par l’autosabotage – l’évitement.
Quand ils se tournent vers un outil d’addiction, qu’ils laissent leur auto-attention de côté, ou interrompent le flux de choses bonnes pour eux, ils se placent dans un état d’évitement. Ils baissent le niveau de leur écoute sur le monde. C'est l'équivalent d’être saoulé ou défoncé par le tourbillon des cerises dans la machine à sous.
C’est la raison pour laquelle les addicts à l’autosabotage sont souvent polydépendants, et pourquoi ils peuvent « accrocher » à une nouvelle dépendance très rapidement.
Quoi que ce soit qui puisse aider à l’évitement peut être ajouté au répertoire. Ils peuvent passer de l’ignorance d’une activité à son usage addictif en une nuit.
Vivre dans l’évitement perpétue l’autosabotage. Pendant qu’ils s’affairent à éviter les choses, ils ratent l’annonce importante ; ils n’agissent pas dans les temps ; ils ne voient pas les signes subtils de quelqu’un qui pourrait être un ami ; ils attendent trop longtemps pour faire une réservation, etc.
De cette façon, ils tombent dans un cercle vicieux autoalimenté sans cesse, familier aux autres types de personnes addicts : le sabotage amène à l’évitement qui amène au sabotage qui amène à l’évitement, un peu comme être ivre qui mène à la culpabilité qui pousse à boire et qui rend ivre.
Peut-on appeler ça une addiction ?
Je crois qu’un jour prochain, quand nous aurons identifié tous les synapses et les neurotransmetteurs impliqués dans les comportements addictifs comme le jeu ou les achats compulsifs, la cyberdépendance ou le travail compulsif, nous trouverons aussi le câblage mental particulier qui crée et soutient l’addiction à l’autosabotage.
Pendant ce temps, les mêmes critères qui valident les autres addictions s’appliquent ici :
- Fortes et irrésistibles envies du comportement, de la substance ou de l’activité,
- Usage continu en dépit de conséquences négatives prévisibles,
- Pertes sérieuses et croissantes dues à l’usage,
- Syndrome de sevrage à l’arrêt de la substance, du comportement ou de l’activité
- Suspension des signes de manque à la reprise du produit, du comportement ou de l’activité
- Répétition du manque à la répétition de l’arrêt de la substance ou de l’activité
La bonne nouvelle est que c’est le même système de rétablissement qui fonctionne pour les autres addictions qui fonctionne pour la dépendance à l’autosabotage. En fait, c’est la preuve que nous avons affaire ici à une addiction – les programmes de rétablissement qui fonctionnent avec les autres addictions fonctionnent aussi dans ce cas.
Comment définir l’abstinence dans la dépendance à l’autosabotage ?
C’est l’abstinence de comportements d’autosabotage et d’évitements.
Sortir de l’alcolodépendance est certainement difficile mais au moins, c’est clairement défini : arrêter de boire et participer à des groupes d’auto-support. (Les addictologues savent que ce n’est pas si facile, mais au moins l’abstinence est facile à décrire).
Le comportement fondateur de l’addiction à l’autosabotage est l’autosabotage. La personne addict à l’autosabotage est impuissante face à l’autosabotage. Ce dernier est donc, par suite, le cœur de l’abstinence.
Comme l'état recherché par le sabotage de soi est un évitement de l’anxiété, de la confusion, des sentiments difficiles à vivre ou des conflits qui semblent impossibles à résoudre, le « drogué à l’autosabotage » doit aussi être prudent quant à la séduction de l’évitement.
Le travail à effectuer pour en sortir doit inclure une vigilance soutenue de cette séduction inconsciente de l’évitement et assez de soutien pour que les problèmes qui provoquent un tel attrait de l’évitement soient rendus visibles et gérables.
Besoins spécifiques au rétablissement d’une addiction à l’autosabotage.
Les addicts à l’autosabotage sont accroc à un système qu'ils ont conçu eux-mêmes. Heureusement, le rétablissement est aussi un système – qui a marché pour des millions de personnes et qui peut remplacer l’ancien, détruisant ainsi celui que l’addict à l’autosabotage utilise.
Dans l’addiction à l’autosabotage, le chemin vers la guérison a plusieurs directions, chacune devant être suivies avec une diligence raisonnable. Omettez une seule d’entre-elles et la guérison est vouée à un échec presque total.
Avec les autres addictions la thérapie est très utile, mais ici elle n’est pas obligatoirement requise. De nombreuses personnes se sont sortis de leurs dépendances avec l’aide des groupes d’auto-support en 12 étapes sans l’utilisation d’une quelconque thérapie. Malheureusement, en France et à ma connaissance, il n’existe pas de groupe d’auto-support pour aider à de débarrasser d’une dépendance à l’autosabotage.
Cependant, la plupart des personnes addict à l’autosabotage ont besoin d’être en thérapie à moins que leur addiction soit « légère »ou encore récente. En fait, tant que la thérapie n’a pas crée une zone de sécurité, les personnes n’ont même pas la capacité à faire la démarche d’accéder à un groupe d’auto-support.
Le premier pas dans la construction d’une stratégie thérapeutique - en dehors des besoins habituels qui sont d’offrir de la sécurité émotionnelle, de fournir un cadre et d’avoir de la bienveillance et du respect vis-à-vis de la personne – est de faciliter un lien thérapeutique et d’attachement sécure et sain. En effet, une personne addict à l’autosabotage fonctionne dans une stratégie d’attachement non sécure.
En faisant cela, le praticien crée un refuge sûr et une base de confiance dans lesquels, à la longue, la personne deviendra suffisamment sécure pour explorer, revenir et recevoir le réconfort. Elle y reviendra alors pour se rassurer et ce, peut-être de très nombreuses fois.
En d’autres termes, c’est la relation aidant-aidé elle-même qui est un des outils le plus solide.
Cela peut-être pour la personne, sa première vraie et authentique relation saine.
Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider cette personne ?
En tant que praticien (ou toute personne en posture neutre), nous sommes aussi dans une position où nous pouvons voir la variété des chemins qui peuvent être empruntés, si la personne veut construire assez de fortification pour résister à la voix trompeuse de son addiction.
Voilà ce qu’il est possible de faire :
- Encourager la personne à participer à des groupes d’auto-support.
- Faciliter un lien d’attachement sûr et sain.
- Apprendre à la personne comment identifier ses ressentis profonds et l’accompagner à travers ce processus chaque fois que c’est nécessaire.
- Encourager des activités qui permettront à la personne de prendre soin d’elle-même physiquement.
- Encourager la personne à utiliser des outils complémentaires comme la gestion des émotions, l’augmentation de l’estime de soi, la relaxation, l’affirmation de soi ou la visualisation.
- Encourager la personne à développer ses compétences relationnelles à l’aide d’un coaching individualisé ou groupal, d’une thérapie de groupe, de groupe de parole, de stages divers, d’activités créatives en groupe comme le théâtre, la chorale, etc.
Cette personne a besoin d’un ensemble d’aide et de soutien en synergie. Elle n’aura peut-être pas les talents pour savoir comment créer son propre ensemble ou comment s’intégrer à un ensemble déjà existant.
Les groupes d’auto-support sont très bons pour ça, comme des roues d’entrainement, mais ils ne fournissent pas les compétences en relation interpersonnelles qui sont apportées dans une thérapie ou un coaching de groupe ou encore un centre de traitement résidentiel ou un hôpital de jour dans une unité d’addictologie.
Cette personne, habituée à « moins », a besoin de « plus » — plus de repères fournis, plus d’occupations, plus de formes d'aides arrivant en même temps.
Parce que vous pouvez voir le dilemme, n'est-ce pas ? Le travail sur elle-même aide la personne à se sentir mieux. Cette personne ayant peur de se sentir mieux, c’est donc le travail lui-même qui risque de déclencher une rechute dans un comportement d’autosabotage.
Le praticien fournit la possibilité de voir la situation dans son ensemble et la compréhension qu'avec chaque progrès, la personne sera effrayée et voudra saboter les choses. Il pourra interpréter, rappeler, sentir et préconiser des mesures protectrices.
Le praticien transporte la vision de la guérison, parce que la personne va l’oublier. Il se souvient pour elle que, avec assez de pas effectués, elle marchera vers un avenir d’autoréalisation qui l’attend depuis longtemps.
Echelle d'évaluation de l'addiction à l'autosabotage
SI VOUS ÊTES INTERRESSÉ A DISCUTER SUR VOTRE SCORE OU SUR LE SUJET DE L’ADDICTION À L’AUTOSABOTAGE, ÉCRIVEZ-MOI SUR coach.addictologue@gmail.com
Olivier Kramarz
Addictologue et Life Coach
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